CHINE, histoire, de 1949 à nos jours
Nom officiel | République populaire de Chine (CN) |
Chef de l'État | Xi Jinping (depuis le 14 mars 2013) |
Chef du gouvernement | Li Qiang (depuis le 11 mars 2023) |
Capitale | Pékin |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Du socialisme en débat à la lutte des factions (1956-1965)
Après les bouleversements de la prise du pouvoir, l'ère du premier plan quinquennal (1953-1958) débuta par une phase de croissance régulière. Sur le plan politique, le régime achevait la construction de ses institutions, avec notamment la Constitution de 1954 ; s'il lançait, à l'occasion, des campagnes de réforme de la pensée, particulièrement dans le domaine des lettres et de la philosophie, il s'abstenait d'initiatives spectaculaires. La mise en place du plan (dont les objectifs ne furent vraiment annoncés qu'en 1955), une transformation des campagnes chinoises étalée dans le temps (coopération de la main-d'œuvre individuelle à partir de 1952, création d'un système étatique d'achat, de livraison, de vente et de stockage des céréales en 1953) préparaient une construction du communisme par étapes, proche du modèle soviétique sur le plan industriel, mais mieux encadrée et plus progressive que n'avait été le stalinisme dans les campagnes.
Rétrospectivement, cette époque est devenue une référence classique du socialisme chinois, marquée en particulier par le succès gouvernemental dans sa gestion financière (à partir de 1953, les fonds utilisés pour les investissements représentent plus de 25 % du produit national) et par la rapide montée en puissance des projets industriels et miniers (plus de 18 % de croissance industrielle annuelle pour le premier plan). Le niveau de vie s'accroît, parfois très vite pour ceux qui bénéficient des nouveaux emplois industriels et administratifs ; « capitalistes nationaux », ingénieurs et intellectuels, après les épreuves des premiers temps, retrouvent le calme. La seule purge notable est celle d'un dirigeant régional du Parti communiste, Gao Gang, responsable de la Mandchourie et jugé trop indépendant de Pékin, ou trop proche de Moscou, comme on l'apprendra plus tard.
Mais cet équilibre est précaire. Au sommet, Mao Zedong veut hâter la construction du communisme, et s'emporte contre ceux qui lui en présentent les difficultés. Le coup d'envoi de la radicalisation est donné dès juillet 1955, quand Mao, contre l'avis de ses conseillers en matière économique et rurale, décide de procéder à une collectivisation instantanée de l'agriculture : dès décembre 1955, tous les paysans chinois ont été intégrés dans des coopératives qui, pour demeurer calquées sur le village naturel et fondées sur les rapports privés de chacun, n'en représentent pas moins une immense rupture avec le passé. Menée avec l'appui d'innombrables cadres ruraux et le soutien des paysans pauvres, cette collectivisation est un succès relatif, en dépit de la résistance passive de la paysannerie qui apparaît çà et là. Mao en retiendra que son intuition peut être plus juste que les avis des experts et le précédent soviétique.
À l'extérieur, la déstalinisation menée par Khrouchtchev, révélée dans son ampleur au XXe congrès du PCUS de janvier 1956, entraîne des bouleversements dans tout le camp communiste. Cette année 1956 sera importante pour la Chine aussi, faisant apparaître des clivages fondamentaux.
Déstalinisation et débats de ligne (1956-1957)
Mao critique de la voie soviétique
Encouragé par la rapidité de la collectivisation agraire, Mao Zedong lance à partir de janvier 1956 plusieurs initiatives. D'une part, une tentative d'accélérer la croissance agricole, qui échouera aussitôt mais préfigure le Grand Bond en avant. Industrie et commerce urbains sont également collectivisés en deux mois. Mais, d'autre part, Mao remet en cause les dogmes staliniens de la planification économique et de l'omniscience du Parti communiste. En janvier 1956, Zhou Enlai lance un appel à la collaboration de tous les intellectuels patriotes, reconnaissant que la majorité ne sont pas communistes.[...]
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Écrit par
- Jean-Philippe BÉJA : directeur de recherche émérite au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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