CHINE, histoire, de 1949 à nos jours
Nom officiel | République populaire de Chine (CN) |
Chef de l'État | Xi Jinping (depuis le 14 mars 2013) |
Chef du gouvernement | Li Qiang (depuis le 11 mars 2023) |
Capitale | Pékin |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Un pays puissant au régime dictatorial
Le développement comme moteur de la relégitimation du parti
La chute du Mur de Berlin et, plus encore, l’éclatement de l’URSS persuadent Deng Xiaoping qu’il ne suffit pas de lutter contre la « libéralisation bourgeoise » pour sauver le régime. Allant à l’encontre de la réaction conservatrice, il entreprend au début de 1992 un voyage dans le sud du pays au cours duquel il affirme que « le développement est indispensable » (fazhanshiyingdaoli). Pour lui, l’effondrement de l’URSS est dû au moins autant à son échec économique qu’à la déliquescence de l’idéologie. Il estime que le meilleur moyen de rétablir une légitimité fort affaiblie par le massacre du 4 juin est d’améliorer le niveau de vie de la population.
Pour ce faire, lors de son voyage dans le Sud, il propose un nouveau contrat social aux élites intellectuelles et techniques : afin de stimuler l’économie et d’élever le niveau de vie, le parti doit développer l’économie de marché et autoriser la création d’entreprises privées sur une bien plus grande échelle qu’auparavant. En outre, la politique d’ouverture doit être relancée. La condition en est évidemment que les entrepreneurs et les membres des élites ne remettent pas en question le monopole politique du Parti communiste. Une grande partie des intellectuels accepte ce marché, arguant que l’une des causes de l’échec du mouvement pour la démocratie de 1989 était l’absence d’autonomie financière des organisations étudiantes et intellectuelles, autant que des associations ouvrières. Pour ces intellectuels, seul le développement du marché pourra fournir les bases matérielles d’une société civile autonome, conçue comme un préalable à la démocratisation du régime. On assiste alors à un grand mouvement de création d’entreprises : intellectuels et ingénieurs se jettent « dans la mer du commerce » (xiahai) et la Chine connaît des taux de croissance sans précédent.
À l’époque où Deng Xiaoping inaugure ce renversement de la politique du parti, il a abandonné toutes ses fonctions officielles et n’est plus que le président de l’association nationale de bridge, ce qui en dit long sur le fonctionnement de l’appareil.
S’intégrer à l’économie mondiale
Deng vise également à intégrer la Chine dans la globalisation de l’économie qui marque la décennie 1990. Ces années sont rythmées par le vote par le Sénat des États-Unis de l’octroi à la Chine de la clause de la nation la plus favorisée, une mesure indispensable au bon fonctionnement d’une économie chinoise fondée sur les exportations vers les pays développés, au premier rang desquels figurent les États-Unis. Ce vote donne lieu à des marchandages qui permettent à Washington d’obtenir la libération d’animateurs du mouvement pour la démocratie de 1989, et des concessions dans les domaines politique et culturel. Mais, hormis quelques cas individuels (le leader étudiant Wang Dan, Wang Juntao, puis Wei Jingsheng), les dirigeants chinois ne relâchent pas la pression sur les dissidents ou sur ceux qui voudraient promouvoir une société civile autonome. Soucieux de rendre l’économie chinoise plus efficace, sous l’impulsion de Zhu Rongji, vice-Premier ministre dès 1991 et Premier ministre à partir de 1998, ils adoptent des mesures de libéralisation économique et tentent d’améliorer la rentabilité des entreprises d’État en procédant à des licenciements massifs. Ces mesures finiront par convaincre les dirigeants occidentaux et, en 2001, la Chine entrera dans l’Organisation mondiale du commerce après treize ans de négociations. Cette admission privera Washington d’un moyen de pression pour obtenir des améliorations dans le domaine des droits de l’homme.
La décennie Jiang Zemin
En 1992, le XIVe congrès du parti entérine la nouvelle ligne de relance de l’économie privée et d’ouverture.[...]
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Écrit par
- Jean-Philippe BÉJA : directeur de recherche émérite au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
- François GODEMENT : maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, maître de recherche à l'Institut français des relations internationales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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