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CHINE Histoire jusqu'en 1949

Les Ming (1368-1644)

Un pouvoir autocratique

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

L'occupation de la Chine par les Mongols dure peu de temps : c'est en 1234 qu'ils s'emparent de l'ensemble de la Chine du Nord, en 1279 qu'ils achèvent la conquête du Sud. Mais les soulèvements qui devaient mettre fin à leur règne commencent dès le milieu du xive siècle. La Chine de la Huai et la vallée du Yangzi échappent bientôt à leur contrôle et l'un des chefs de rébellion, Zhu Yuanzhang, fonde à Nankin en 1368 le nouvel Empire des Ming. C'est, depuis les environs de 200 avant notre ère, le premier exemple d'insurrection populaire qui aboutisse à la fondation d'une dynastie.

Pour remettre en état une Chine ruinée par les guerres et par l'exploitation des Mongols, le fondateur, qui adopte le nom de règne de Hongwu (1368-1398), entreprend une œuvre gigantesque de reconstruction économique : reboisement, remise en valeur des terres, régulation des cours d'eau et irrigation, repeuplement des zones dévastées. Un grand effort est fourni parallèlement pour recenser la population et établir un cadastre général des terres de l'Empire. En même temps, les familles sont distinguées suivant leurs métiers et leurs fonctions : familles de simples paysans, familles de l'armée qui doivent fournir hommes et ressources nécessaires à la constitution des armées, familles d'artisans soumises à des corvées pour le compte de l'État. Ces familles, qui dépendaient de ministères différents et autonomes (finances, armées et travaux publics), ayant leur propre budget et leur propre administration, devaient en théorie conserver le même statut de génération en génération. Mais l'évolution économique et sociale ne tarde pas à ruiner cette constitution trop rigide. Dès le début du xve siècle, les familles de l'Empire commencent, en effet, à changer de statut en dépit des interdictions, et la redistribution des conditions sociales est générale.

Du point de vue politique, le règne de Hongwu, au cours duquel auront lieu de grands procès politiques et de grandes purges, inaugure un nouveau type de pouvoir, différent de ceux qu'avait connus la Chine jusqu'alors. La centralisation fait des progrès sensibles, en même temps que s'affirme le caractère autoritaire et despotique du pouvoir impérial. Ce pouvoir n'est plus alors limité par la puissance de grandes familles aristocratiques, comme au début des Tang, ni contrôlé par des organismes politiques indépendants et par une administration puissante, comme à l'époque des Song. Le pouvoir central agit dans le secret, se méfie de ses propres agents et n'est plus en contact avec la population. La coupure entre le gouvernement impérial et la Chine active, commerçante et intellectuelle du bas Yangzi sera encore accentuée par le transfert, définitif vers 1450, de la capitale de Nankin à Pékin. L'époque des Ming voit le développement des polices secrètes et de la puissance des eunuques que favorisent leurs fonctions militaires et économiques au Palais et le contrôle qu'ils exercent sur la police politique. Les eunuques domineront entièrement le gouvernement à certaines époques et plus particulièrement au début du xvie siècle et dans la première moitié du xviie.

Le grand règne de Yongle (1403-1424) est marqué par la poursuite de l'expansion militaire vers la Mongolie et vers la vallée de l'Amour, qui avait été commencée sous Hongwu, désireux d'éloigner la menace des tribus mongoles. La Chine retrouve sous Yongle les frontières qu'elle avait à l'époque de la dynastie mongole des Yuan et s'étend même au Vietnam entre 1406 et 1427. Elle déploie, en même temps, une intense activité diplomatique en Asie du Sud-Est, au Japon, en Asie centrale ainsi que dans l'océan Indien. De grands voyages maritimes sont organisés sous la conduite d'eunuques dont le plus célèbre[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut

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