- 1. De la fin du Néolithique à l'âge du bronze
- 2. Les Zhou occidentaux et l'époque Chunqiu (XIe-VIe s. av. J.-C.)
- 3. Les Royaumes combattants (Ve-IIIe s. av. J.-C.)
- 4. Les Qin (221-206 av. J.-C.)
- 5. Les Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.)
- 6. Les Trois Royaumes et la division de la Chine entre Nord et Sud (220-589)
- 7. Les Sui (581-618) et les Tang (618-907)
- 8. Les Cinq Dynasties (907-960), les Song du Nord (960-1126) et les Song du Sud (1127-1279)
- 9. Les empires barbares de la Chine du Nord du Xe au XIIIe siècle
- 10. Le joug mongol (1279-1368)
- 11. Les Ming (1368-1644)
- 12. La dynastie sino-mandchoue des Qing (1644-1911)
- 13. La fin de l'isolement (1840-1885)
- 14. L'effort de modernisation (1885-1919)
- 15. Les débuts du communisme chinois (1919-1949)
- 16. Bibliographie
CHINE Histoire jusqu'en 1949
L'effort de modernisation (1885-1919)
Tentatives de réforme
La défaite militaire et diplomatique infligée par la France en 1885, la rupture des liens antiques de solidarité qui existaient entre la Chine et le Vietnam avaient déjà discrédité la politique de réformes modérées et de compromis avec l'Occident, sur laquelle était fondé le yangwu. Mais la victoire rapide et brutale remportée en 1894-1895 par le Japon sur la Chine précipite l'évolution des esprits. La guerre, née de la rivalité entre les deux pays à la cour de Corée, met en évidence le retard que la Chine a pris par rapport au Japon, en matière de modernisation. La flotte moderne que la Chine avait construite après la destruction de l'arsenal de Fuzhou par les Français n'avait pas résisté aux canons japonais. Le vainqueur annexe Taiwan, les îles Pescadores, la péninsule du Liaodong, s'assure le contrôle des richesses de Mandchourie, se fait verser une très lourde indemnité de guerre de deux millions de taëls (traité de Shimonoseki, 1895).
Le mouvement de 1898
Pour beaucoup de jeunes intellectuels chinois, il devient urgent d'envisager des réformes beaucoup plus radicales. Leur porte-parole est Kang Youwei (1885-1927), un lettré cantonais influencé par l'école confucéenne dite Hanxue qui mettait l'accent sur les aspects non conformistes de la pensée de Confucius et sur la nécessité d'une critique radicale de l'ordre établi ; il s'intéressait en même temps à l'expérience de l'Ouest, et avait écrit une vie de Pierre le Grand. Quelques semaines après la signature du traité de Shimonoseki, il profita de l'émotion générale pour présenter directement à la Cour – procédure très peu orthodoxe – une pétition demandant des réformes profondes qu'avaient signée plusieurs milliers de lettrés. Au printemps de 1898, alors que s'aggravaient les pressions étrangères sur la Chine (le break-up), Kang Youwei fut appelé au pouvoir par le jeune empereur Guangxu qui s'entourait d'une équipe de brillants intellectuels novateurs ; parmi ceux-ci, les Hounanais Liang Qichao, fondateur du journalisme moderne en Chine, et Tan Sitong, partisan d'une « occidentalisation intégrale » de la Chine. Kang et ses amis publièrent plus de quarante édits de réforme, instituant des écoles et des universités modernes, transformant le système judiciaire, développant les mines et le commerce, modernisant l'armée, la marine et le service des postes, généralisant l'impôt en argent. Mais ils s'attirèrent, à la fois, l'hostilité des ultra-conservateurs, protégés par l'impératrice douairière Cixi, et celle des réformateurs modérés ; l'animateur de ces derniers était Zhang Zhidong, continuateur de la politique d'« auto-renforcement » des années 1860 et fondateur en 1890 du premier centre chinois de métallurgie moderne, à Hanyang. Face à cette double opposition, ils ne disposaient d'aucun appui populaire, puisque la seule base sociale un peu solide de leur mouvement était constituée par quelques groupes de jeunes lettrés du Sud et que leurs conceptions confucéennes ne les portaient en rien à chercher dans le peuple un contrepoids aux forces conservatrices qu'ils combattaient. Trois mois seulement après l'arrivée de Kang Youwei au pouvoir, à l'instigation de la Cour, l'armée mit fin à l'expérience des « Cent Jours ». Les réformateurs furent décapités, comme Tan, ou s'enfuirent au Japon, comme Kang et Liang.
Les « Boxeurs »
La victoire japonaise n'avait pas seulement précipité la crise chinoise. Elle avait aussi ouvert la voie aux ambitions des autres puissances en Chine, par le jeu de la « clause de la nation la plus favorisée », inscrite depuis 1842 dans tous les traités de la Chine avec l'Occident. Chacune des grandes puissances[...]
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Écrit par
- Jean CHESNEAUX : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Jacques GERNET : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
Classification
Médias