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CHINE Histoire jusqu'en 1949

Les débuts du communisme chinois (1919-1949)

Naissance de la République populaire de Chine, 1949 - crédits : The Image Bank

Naissance de la République populaire de Chine, 1949

Le Mouvement du 4 mai cherchait essentiellement à « sauver la Chine », mais il ne s'interdisait pas, bien au contraire, de chercher à l'étranger des idées nouvelles. Les jeunes intellectuels du 4-Mai s'intéressaient passionnément aux idées de Russell et aux théories de Dewey, aux utopies socialisantes japonaises et aux contestations des anarchistes occidentaux. C'est dans ces conditions qu'ils découvrent le marxisme auquel la récente victoire du bolchevisme en Russie confère un prestige particulier. Deux des principaux chefs de file de la gauche intellectuelle chinoise, Li Dazhao et Chen Duxiu (ce dernier était le fondateur de la revue Xin qingnian), se rallient au marxisme en 1919-1920, se séparant nettement de l'aile droite du 4-Mai ; celle-ci, représentée par un homme comme Hu Shi, l'avocat du bai hua en littérature, se rapproche plutôt de l'empirisme américain. Les cercles d'études du socialisme, apparus spontanément dans les grandes villes universitaires après le 4-Mai, se transforment en 1920 en cellules communistes. Il s'agit d'une évolution idéologique interne, mais qui est appuyée par l'intervention en Chine du Komintern, conformément à la stratégie qu'il vient d'adopter en direction des « semi-colonies ». En 1920, Voitinski, envoyé de Moscou, prend contact avec les groupes d'intellectuels de gauche ; quand les délégués de ceux-ci fondent en juillet 1921 le Parti communiste chinois, ils sont déjà en relations régulières avec le mouvement communiste international.

Le communisme chinois est donc né du 4-Mai. Ce qui signifie à la fois qu'il a été fondé par de jeunes intellectuels, qu'il s'est formé dans un contexte de « salut national » plutôt que de luttes sociales, et qu'enfin il s'est d'emblée situé au stade du léninisme, sans être marqué par l'héritage social-démocrate et les scissions que ce dernier occasionna en Occident. Il restera profondément marqué par cette triple origine.

Une stratégie ouvrière

Le communisme chinois ne disposait à ses débuts d'aucune expérience propre. La stratégie qu'il adopte se conforme donc étroitement au « modèle » soviéto-occidental ; bien que la classe ouvrière chinoise soit peu développée, cette stratégie se fonde essentiellement sur les luttes ouvrières et met au premier plan l'action révolutionnaire du prolétariat industriel. Les jeunes intellectuels communistes, comme Mao Zedong, Li Lisan, Liu Shaoqi, se mêlent aux ouvriers, les aident à s'organiser et à lancer des mouvements revendicatifs. Leur intervention de l'extérieur converge avec une poussée réelle du monde ouvrier, durement touché par la hausse des prix consécutive à la Grande Guerre et qui supporte avec impatience les très dures conditions de travail qui sont les siennes (bas salaires, longues heures de travail, fréquence des accidents, tyrannie des contremaîtres). Les grèves se multiplient (46 en 1920, 50 en 1921, 91 en 1922) et aboutissent à des succès économiques souvent importants ; c'est le cas, par exemple, des marins de Hong Kong qui obtiennent en mars 1922 des augmentations de salaires de 15 à 30 p. 100 après sept semaines de grève. De nombreux syndicats et clubs ouvriers se constituent, en particulier chez les cheminots, les marins, les mineurs, les métallurgistes ; en mai 1922, leurs délégués, représentant 300 000 personnes, se réunissent à Canton pour tenir le premier Congrès national du travail.

Mais cette stratégie proprement ouvrière limitait nécessairement l'action du Parti communiste à des milieux sociaux et à des régions très restreintes et le laissait un peu en dehors des luttes politiques chinoises d'ensemble. Celles-ci continuaient à opposer les cliques politico-militaires qui se disputaient le contrôle[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut

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