- 1. De la fin du Néolithique à l'âge du bronze
- 2. Les Zhou occidentaux et l'époque Chunqiu (XIe-VIe s. av. J.-C.)
- 3. Les Royaumes combattants (Ve-IIIe s. av. J.-C.)
- 4. Les Qin (221-206 av. J.-C.)
- 5. Les Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.)
- 6. Les Trois Royaumes et la division de la Chine entre Nord et Sud (220-589)
- 7. Les Sui (581-618) et les Tang (618-907)
- 8. Les Cinq Dynasties (907-960), les Song du Nord (960-1126) et les Song du Sud (1127-1279)
- 9. Les empires barbares de la Chine du Nord du Xe au XIIIe siècle
- 10. Le joug mongol (1279-1368)
- 11. Les Ming (1368-1644)
- 12. La dynastie sino-mandchoue des Qing (1644-1911)
- 13. La fin de l'isolement (1840-1885)
- 14. L'effort de modernisation (1885-1919)
- 15. Les débuts du communisme chinois (1919-1949)
- 16. Bibliographie
CHINE Histoire jusqu'en 1949
Les Trois Royaumes et la division de la Chine entre Nord et Sud (220-589)
Les Trois Royaumes
La période de troubles qui commence, en 184, par des insurrections populaires d'inspiration taoïste ( Turbans jaunes en Chine orientale, secte des Cinq Boisseaux de riz au Sichuan) s'accompagne de la formation d'armées autonomes dirigées par les chefs de guerre chargés de la répression (Dong Zhuo, Cao Cao). Ce sont eux qui finissent par détenir la réalité du pouvoir ; les empereurs Han ont en effet perdu toute autorité dès la fin du iie siècle, bien qu'en théorie la dynastie n'ait été abolie qu'en 220. Dans les débuts du iiie siècle, et plus précisément à partir de 222, cette situation conduit à la formation de trois unités politiques indépendantes connues dans l'histoire sous le nom de Trois Royaumes (San guo) : le plus puissant, dans le Nord, avec sa capitale à Luoyang, est issu des conquêtes de Cao Cao ; il prend l'ancien nom de Wei (celui d'un des royaumes du Shānxi aux ve-iiie s.), quand son premier souverain, Cao Pei, fils de Cao Cao, monte sur le trône en 220 ; un autre, au Sichuan, est fondé par un descendant de la famille impériale des Han, Liu Bei, et prend le nom de Han du pays de Shu ou Shu Han ; le troisième enfin, celui de Wu, fondé par un chef de guerre du nom de Sun Quan, s'établit au confluent de la Han et du Yangzi, à Wuchang, puis à Nankin, dans le bassin inférieur du Yangzi. Si l'on tient compte du fait que le Sichuan constitue un cas particulier – il a connu, au cours de l'histoire, de fréquentes périodes d'autonomie qu'expliquent sa richesse et son relatif isolement des vallées de la Wei et de la Han au nord, de celles du moyen et du bas Yangzi à l'est –, on peut considérer que l'époque des Trois Royaumes marque déjà le début de la longue division entre Chine du fleuve Jaune et Chine du Yangzi, division qui ne devait prendre fin qu'en 589.
La période des Trois Royaumes est de brève durée. Les efforts de centralisation politique d'inspiration légiste entrepris dans le royaume de Wei (installation de colonies militaires, création de familles vouées de façon héréditaire au métier des armes, lutte contre les clans puissants) n'empêchent pas l'usurpation du pouvoir par une grande famille, celle des Sima ; elle fonde les Jin occidentaux en 265, cependant que les royaumes plus faibles et moins peuplés de Shu et de Wu sont annexés, le premier par Wei, en 263, et le second par Jin, en 280. Cette réunification des pays chinois par Jin ne constitue qu'un intermède : elle est le fait d'un pouvoir qui est miné par les luttes intestines entre princes impériaux, généraux et hauts fonctionnaires issus de grandes familles, et menacé par les populations d'éleveurs nomades installées en Chine du Nord.
La Chine du Nord du IVe au VIe siècle
Les infiltrations de tribus originaires de la steppe et, dans le Nord-Ouest, des montagnards Qiang apparentés aux Tibétains se sont en effet poursuivies pendant les iie et iiie siècles. Employées comme troupes auxiliaires dans les armées chinoises et autorisées par mesure de faveur à s'installer dans les provinces du Nord, ces populations, de plus en plus sinisées au contact des Chinois, n'auront guère de difficulté à s'emparer du pouvoir dans ces régions et dans la vallée du fleuve Jaune. La prise de Luoyang et de Chang'an en 316 par les Xiongnu sinisés du Shānxi inaugure une nouvelle période de l'histoire : celle des royaumes et empires barbares de la Chine du Nord, aux ive, ve et vie siècles. Ce sont tout d'abord, au ive siècle, de petits royaumes éphémères en lutte les uns contre les autres, connus sous le nom de « Seize Royaumes des Cinq Barbares ». Leurs classes dirigeantes sont d'origine soit tibétaine, soit altaïque, et l'on peut voir en eux les ancêtres[...]
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Écrit par
- Jean CHESNEAUX : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Jacques GERNET : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
Classification
Médias