CHINE Hommes et dynamiques territoriales
Capitale | Pékin |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Yuan (ou renminbi, CNY) |
Population (estim.) |
1 410 474 000 (2024) |
Superficie |
9 572 900 km²
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La transition postmaoïste
La période qui commence en 1978 s'inscrit sous le double sceau des « réformes et de l'ouverture » et elle est annoncée dès 1975 par la politique des quatre modernisations – agriculture, industrie, sciences et techniques, et armée – de Zhou Enlai, avec l'aide de Deng Xiaoping. Ce dernier défend sa politique de réformes pour sortir la Chine de la misère et du désenchantement qu'a entraînés l'ère maoïste – close symboliquement par le procès de la bande des Quatre. Le développement et l'enrichissement du pays sont devenus les seules légitimations possibles pour le maintien du régime au pouvoir.
Pour autant, aucun plan économique et social n'a véritablement été préétabli. Les réformes répondent surtout à l'urgence et peuvent même être devancées par des initiatives locales – comme la décollectivisation des terres. Elles adaptent prudemment le système socio-économique mis en place à partir des années 1950 à des objectifs à court ou moyen termes. Elles empruntent des modèles à l'extérieur, comme le principe des zones franches, qui ont fait le succès des petits dragons asiatiques – dont trois sont d'ailleurs chinois : Hong Kong, Taïwan et Singapour. Les réformes, une fois lancées, puis testées, peuvent aussi être rapidement rectifiées, de facto annulées – la politique de l'enfant unique dans les campagnes – ou différées – la réforme des entreprises d'État.
Les réformistes ont ainsi longtemps contourné les piliers sociaux du régime (entreprises d'État, unités de travail) et leurs réformes ne touchent qu'à la marge le monde urbain dans les années 1980. En retour, ce sont d'ailleurs les mécontentements des citadins face à l'inflation, aux nouvelles inégalités et à la corruption qui ébranleront le régime, par les manifestations de 1986 et surtout celles de 1989, qui se terminèrent tragiquement dans la nuit du 4 juin sur la place Tiananmen.
Dans les années 1980, les premières réformes tiennent dans une décollectivisation des terres. Si la propriété du sol reste collective dans les campagnes, les familles redeviennent les acteurs principaux de la production agricole avec le nouveau « système de responsabilité familiale ». Un droit d'usage du sol leur est accordé pour une durée déterminée. Elles doivent fournir les quotas exigés par l'État, mais peuvent dorénavant produire en plus grande quantité et se consacrer à d'autres produits agricoles, qu'elles vendent ensuite sur des marchés urbains ou ruraux libres, à des prix libres. Cette réforme profite à la paysannerie chinoise, notamment dans la première moitié des années 1980, et les ceintures maraîchères des grandes villes sont les premières bénéficiaires.
L'esprit des réformes lancées par Deng Xiaoping engage une décentralisation progressive des pouvoirs de décision en matière économique au profit des provinces, municipalités, districts, bourgs ou cantons.
Outre les réformes agricoles, elles se matérialisent surtout dans une ouverture ponctuelle, très progressive et fermement contrôlée par les autorités chinoises, au système économique mondial. Les premières provinces à bénéficier d'une telle ouverture sont le Guangdong et le Fujian, situées le long du littoral sud de la Chine, et traditionnellement liées à la diaspora chinoise – dont elles sont les principaux foyers de départ. Leur atout majeur tient certainement à la proximité géographique, culturelle voire familiale avec Hong Kong et Macao pour le Guangdong, et avec Taïwan pour le Fujian.
Jusqu'au milieu des années 1990, les provinces méridionales accumulent ainsi une nette avance sur toutes les autres régions chinoises par leur pouvoir d'attraction des investissements directs étrangers, leur relative autonomie économique et des taux[...]
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Écrit par
- Thierry SANJUAN : professeur de géographie à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias