CHINE Hommes et dynamiques territoriales

L'explosion urbaine

Le recensement de 2000 a révélé un taux d'urbanisation de 36 % pour l'ensemble de la Chine et il devrait atteindre 50 % dans les années 2010. Le processus d'urbanisation s'est donc accéléré et il a surtout pris des formes variées.

Dans les années 1980, il a touché essentiellement les bourgs, les petites et moyennes villes chinoises. L'industrialisation rurale a entraîné une multiplication de nouveaux noyaux urbains dans des régions dynamiques comme le delta de la rivière des Perles, la région de Wenzhou et le delta du Yangzi. Ici, une politique de « quitter la terre, sans quitter la campagne » a permis de réduire l'exode rural et de concentrer sur place des activités industrielles et tertiaires qui ont donné lieu à la création d'agglomérations de populations, coordonnées par des autorités locales et adoptant la silhouette de petites villes. À des échelles plus petites, de véritables régions urbaines se sont ainsi déployées combinant espaces urbains et ruraux, sans que les deux puissent toujours être aisément distingués.

Le delta de la rivière des Perles offre alors l'image la plus extrême du développement chinois. Ces terres géographiquement centrales du Guangdong le sont aussi par la concentration croissante des pôles urbains, des activités industrielles et des infrastructures de transports. Tant du point de vue humain que physique, les caractéristiques du delta ont été bouleversées. Dans les années 1970, la région se définissait par son orientation agricole, et seules quelques villes industrieuses et commerciales telles que Foshan la ponctuaient. Depuis, les cultures traditionnelles – canne à sucre, arachide, riz –, l'élevage du ver à soie ont fortement reculé, voire disparu. Les campagnes se sont tournées vers des productions agricoles de valeur, destinées aux citadins (volaille, légumes, fruits, fleurs...), ou vers la fabrication d'articles de consommation courante pour les marchés local, national et étranger. Le paysage rural du delta a laissé en vingt ans la place à un dense semis de bourgs et de petites villes, aux extensions industrielles et résidentielles en croissance constante.

D'ambitieuses opérations urbanistiques ont transformé de nombreuses banlieues rurales en nouveaux quartiers urbains. Des villes ont été fondées, comme Shenzhen et Nansha. Les villes et bourgs urbanisés, les établissements industriels avec dortoirs et entrepôts, les routes et autoroutes en un maillage toujours plus serré donnent l'idée d'une vaste plate-forme noduleuse en constitution, et l'arasement des collines initiales, le comblement des étangs, la fixation des terres littorales ou leur prolongement par de vastes terre-pleins accentuent ce sentiment.

Depuis le début des années 1990, les grandes villes chinoises sont, en revanche, redevenues les acteurs principaux du développement et elles connaissent les processus communs liés à la mondialisation que sont la métropolisation et l'internationalisation. Les grandes métropoles des régions littorales comme Shanghai et Pékin, dans des contextes différents, enregistrent non seulement des développements rapides, un renouvellement de leurs structures économiques, de leurs réseaux viaires et de leurs bâtis, mais elles accentuent aussi leur prédominance régionale.

Dorénavant, les municipalités chinoises élaborent d'ambitieux projets d'aménagement. Elles s'étendent, et les logiques d'un marché immobilier en plein essor et d'une gentrification sociale des centres-villes poussent à une redistribution d'une partie des populations dans de nouvelles périphéries urbaines ou dans des villes nouvelles, distantes mais reliées par des routes et des voies ferrées locales. Les villes chinoises procèdent à un zonage fonctionnel, à une spécialisation fonctionnelle – commerce, administration, [...]