CHINE Hommes et dynamiques territoriales
Capitale | Pékin |
Langue officielle | Chinois mandarin |
Unité monétaire | Yuan (ou renminbi, CNY) |
Population (estim.) |
1 410 474 000 (2024) |
Superficie |
9 572 900 km²
|
Un monde rural éclaté
Avec le « système de responsabilité familiale », la production agricole chinoise a augmenté de moitié entre 1980 et 1985. Mais les écarts de revenus entre citadins et ruraux se sont ensuite de nouveau aggravés, et leur rapport est de un à trois au début des années 2000. La Chine voit la fin de la prédominance numérique de son monde rural. La main-d'œuvre agricole ne représentait déjà plus que 47 % de la population active totale en 2004 et elle n'était plus alors à l'origine que de 15 % du produit national brut.
Un tel décrochage témoigne d'un dynamisme économique qui réside moins désormais dans les activités agricoles et dans la production industrielle des entreprises des bourgs et des cantons – comme dans les années 1980 – que dans l'économie de villes devenues très attractives pour les capitaux, les hommes et les savoir-faire. Une complémentarité grandissante entre les villes et les campagnes en termes de logiques productives et de mobilité est à l'origine de cette évolution.
Mais l'écart qui se creuse entre les villes et les campagnes s'accompagne surtout d'un divorce qui touche les campagnes chinoises entre elles. Celui-ci est provoqué par des évolutions rurales internes différentes, mais surtout par une inégale intégration au monde des villes et à l'économie de marché. La ville intègre en effet dans ses fonctionnalités ses campagnes proches, sans que celles-ci connaissent un exode rural créateur de désertification rurale sur le modèle des pays développés occidentaux.
Plusieurs types d'espaces ruraux peuvent être identifiés en fonction de leurs articulations aux pôles urbains : les anciennes campagnes périurbaines gagnées par les extensions résidentielles, l'industrialisation, les équipements urbains et les espaces de loisirs ; les périphéries agricoles qui ont réorienté leur production en fonction du marché urbain (volailles, légumes, fruits, fleurs...), et qui sont chassées toujours plus loin par l'étalement physique de la ville ; les espaces ruraux industrialisés pleinement intégrés à l'économie urbaine et aux marchés locaux, nationaux voire internationaux, où se multiplient les noyaux urbains et les infrastructures de production industrielle ou de transports indispensables au développement économique – comme dans les campagnes industrialisées du littoral chinois ; les campagnes qui restent à la marge, alimentant en hommes les pôles de dynamisme, et maintenant des productions de base en raison d'une faible liaison à l'économie de marché ; enfin, les espaces ruraux éloignés, enclavés, mal reliés à la ville comme au marché, des espaces répulsifs et pauvres.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Thierry SANJUAN : professeur de géographie à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias