CHINE Politique religieuse
La politique des réformes et de l'ouverture, engagée sous l'égide de Deng Xiaoping à partir de 1979, a permis et permet encore le spectaculaire développement économique de la Chine, et a fait de ce pays un acteur clé, si ce n'est l'acteur clé de la mondialisation. Fondée sur une ouverture économique, financière et internationale graduelle et ininterrompue, la montée en puissance de la Chine ne s'est pas accompagnée, c'est vrai, d'une réforme politique véritable : la Chine est toujours gouvernée par un État-parti. En même temps, la politique de réforme et d'ouverture entendait dès le départ restaurer un cadre légal clair et cohérent dans lequel les citoyens et les groupes sociaux pourraient exercer leurs activités. C'est à ce titre qu'elle a ouvert une nouvelle étape pour les religions chinoises : elle a réaffirmé les principes de la politique religieuse arrêtés vers les débuts du nouveau régime (aux alentours de 1949-1956) ; elle a mis fin à la persécution systématique des croyances et activités religieuses qui a marqué la révolution culturelle ; elle a montré un pragmatisme certain dans une période qui a connu (et connaît toujours) une forte augmentation du nombre des croyants, de lieux de culte et d'activités. En même temps, cette politique n'a jamais débouché sur une libéralisation véritable du contrôle de l'État sur les groupes religieux, et l'État chinois a durement réprimé les groupes religieux qu'il estimait porter atteinte à la stabilité sociale.
Nous analyserons ici le cadre légal qui s'applique à l'exercice de la religion en République populaire de Chine, avant d'étudier comment la croissance des groupes religieux a pu s'opérer durant les trente dernières années et la façon dont l'interaction entre État, société civile et religions détermine le paysage religieux de la Chine contemporaine.
Un cadre légal contraignant
Les différents régimes chinois ont toujours cherché à encadrer étroitement les activités religieuses et à en définir les formes reconnues, faisant la distinction entre les groupes aux croyances et activités « orthodoxes » et d'autres qualifiés d'« hétérodoxes » ou de « pervers ». Après 1911, la jeune République de Chine et le Parti nationaliste chinois (Guomindang) ne font pas exception à la règle. De même, après 1949, et jusqu'à présent, cinq formes religieuses seulement sont légalement reconnues par le régime : bouddhisme, taoïsme, islam, catholicisme et protestantisme. Chacune de ces religions est encadrée par une association nationale « patriotique » qui fait office de courroie de transmission entre cette expression donnée de la société civile et l'État-parti dont elle transmet les orientations et consignes : le Mouvement patriotique des trois autonomies, protestant, fut fondée en 1954, l'Association bouddhiste de Chine en 1955, les associations islamiste, taoïste et catholique en 1957. L'association patriotique est parfois doublée par une autre structure qui regroupe les seuls dignitaires religieux : Ainsi, à strictement parler, l'Église protestante est formée par le rapprochement du Conseil chrétien chinois (fondé en 1980) et du Mouvement patriotique mentionné plus haut. Le rapport entretenu entre l'association patriotique catholique et la conférence épiscopale des évêques « officiels » est de même nature.
Outre les associations patriotiques chargées d'assurer la gestion interne des organisations religieuses, il existe une administration d'État des affaires religieuses (appelée jusqu'à une date récente « Bureau des affaires religieuses » avant d'être élevée au rang de ministère). Celle-ci fonctionne aux différents échelons territoriaux, comme une sorte de « ministère des cultes » aux compétences très étendues.[...]
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Écrit par
- Benoît VERMANDER : directeur de l'Institut Ricci de Taipei
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