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CHINE Politique religieuse

Nature du religieux, recensement des fidèles

Comme il a déjà été noté plus haut, la nature même du cadre institutionnel fourni par les associations-relais renvoie à l'histoire des cent dernières années, laquelle a connu la constitution progressive de religions « nationales » et « modernes » : des associations religieuses nationales voient le jour dès 1912 et sont cooptées par l'État au cours des années 1930 : constitution de deux associations bouddhistes concurrentes vers 1912, l'une d'orientation plus laïque et l'autre plus monastique ; situation à peu près similaire pour la structuration nationale du taoïsme ; création d'une association islamique nationale ; floraison des tentatives d'organisation nationale du confucianisme ; structuration nationale plus tardive des églises chrétiennes, du fait des divisions confessionnelles, des influences étrangères et du poids des associations spécialisées déjà existantes. La rupture de 1949 ne doit donc pas dissimuler la constitution d'une sphère « moderne » du religieux dès la fin du xixe siècle.

Le contrôle étatique des expressions religieuses ne va pas de pair avec la collecte de données statistiques. Les recensements officiels ne comprennent pas de questions sur l'appartenance religieuse. Le décompte de fidèles soulève donc d'intéressantes questions, qui méritent un développement particulier. Depuis 2005, une série d'enquêtes d'opinion, essentiellement réalisées en milieu urbain, permet pourtant de se faire une idée plus précise de la population considérée. Les variations statistiques restent considérables : selon les enquêtes, entre 14 et 32 p. 100 des personnes interrogées revendiquent une appartenance religieuse. Les bouddhistes forment le premier groupe religieux en Chine – entre 11 p. 100 et 16 p. 100 de la population adulte. Ces études confirment aussi la répugnance de la population chinoise à s'identifier comme « taoïste », puisque cette appartenance est revendiquée par moins de 1 p. 100 des sondés, la faiblesse de l'appartenance revendiquée ne préjugeant en rien de la prévalence des pratiques taoïstes. Elles indiquent qu'environ 4 p. 100 des sondés se revendiquent chrétiens. Les réticences associées à la revendication de cette appartenance dans le cas de sondés n'appartenant pas à des groupes ou églises officiellement reconnus permettent de supposer que ce chiffre minore le pourcentage effectif. Les mêmes enquêtes livrent le chiffre de 1 p. 100 de la population adulte déclarant son appartenance à la religion musulmane, probablement une forte sous-estimation liée aux limites géographiques des enquêtes. Une estimation de l'appartenance à l'islam basée sur les données ethniques (c'est-à-dire sur le décompte des populations des minorités ethniques chinoises appartenant historiquement à l'islam) livre un chiffre compris entre 20 et 23 millions de personnes – encore que cette base d'estimation soit, bien entendu, elle aussi sujette à critique.

Une enquête parallèle aux précédentes et menée en avril et mai 2005 ne décèle pas de différence dans l'intérêt manifesté envers la religion par les hommes et les femmes, ni de variation significative en fonction des groupes d'âge (mais d'autres sondages relèvent un intérêt beaucoup plus vif des catégories les plus jeunes). Elle constate aussi un intérêt plus élevé chez les citadins (24 p .100) que parmi la population rurale (18 p .100 ; mais l'enquête est probablement limitée à la périphérie immédiate des villes et aux ruraux vivant en milieu urbain). Les titulaires d'un diplôme universitaire expriment un intérêt religieux plus marqué (26 p .100) que chez les détenteurs d'un diplôme d'un collège d'enseignement professionnel (18 p .100). Les fonctionnaires de l'État et du parti expriment l'intérêt le plus fort (33 p .100).[...]

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