CHINOISE (CIVILISATION) La littérature
L'époque archaïque
Les premiers documents
Épigraphie des Shang (xive-xie s. av. J.-C.)
Certains des historiens chinois actuels prétendent que l'origine de la littérature chinoise est à chercher dans les chants du peuple au travail se plaignant de l'oppression qu'il subit. Cela rejoint la théorie qui veut que les premiers modes d'expression de l'homme aient été la musique, la danse et des phrases dont le rythme correspondait à celui de la musique et de la danse. Mais ces auteurs chinois ajoutent que c'est dans les cadences du travail en commun que le peuple a découvert le rythme. Or nous avons, dans des ouvrages anciens, de courts textes rythmés qui nous sont présentés comme datant de la plus haute antiquité. Quoi qu'il en soit de la théorie, ces poèmes ont été généralement considérés comme apocryphes.
On peut donc admettre que les plus anciens documents écrits qui aient été retrouvés en Chine sont des inscriptions divinatoires tracées sur des écailles de tortues ou sur des os. Ces textes relatent des oracles tirés de l'interprétation des craquelures qui se formaient sur ces écailles ou sur ces os lorsque les devins en exposaient au feu l'une des faces ; sur l'autre face, les scribes inscrivaient généralement aussi bien la question que la réponse, par exemple : « Divination de tel jour : le roi chassera-t-il le cerf à tel endroit ? – Tel jour : pas de chasse, vent. » Un grand nombre de ces inscriptions divinatoires ont été exhumées, depuis la fin du xixe siècle, à Anyang, dans le nord de la province actuelle du Henan, capitale de la dynastie des Shang. Les paléographes chinois se sont efforcés d'établir la chronologie de ces inscriptions dont les dates semblent s'échelonner entre le milieu du xive et le milieu du xiie siècle avant J.-C.
Ces documents sont d'un grand intérêt pour les débuts de l'histoire de la Chine, mais l'on ne saurait naturellement y chercher de la littérature. Ils sont très brefs (le plus long compte une centaine de caractères) et la langue est d'un laconisme tel qu'on se demande si ces textes relèvent bien de la linguistique orale ou s'ils ne représentent pas plutôt une mnémotechnie graphique. Ces inscriptions ne semblent comporter ni rimes, ni structure rythmique bien définie. La syntaxe est déjà celle du chinois classique. Le lexique n'est pas aussi pauvre qu'on l'avait pensé tout d'abord : il compte déjà près de 4 000 mots (ou caractères) d'après certains auteurs, plus de 5 000 d'après d'autres, dont plus de 2 000 seulement sont déchiffrés. Cette richesse de langage d'une population considérée souvent comme primitive est remarquable : elle montre que la civilisation des Shang avait déjà atteint un assez haut niveau. On a aussi, des Shang, des inscriptions sur des objets rituels en bronze ; elles sont parfois un peu plus développées que les inscriptions divinatoires, mais n'ont guère plus de valeur littéraire. Il est possible que, dès l'époque des Shang, la Chine ait possédé les éléments d'une littérature. L'écriture est déjà complexe ; la civilisation, connue par les inscriptions et par un art très élaboré, n'a rien de primitif. Mais, de cette littérature, nous n'avons pas de témoignage concret.
Épigraphie des Zhou (xie-xiiie s. av. J.-C.)
Les inscriptions sur bronze et parfois sur pierre de la dynastie suivante, celle des Zhou, qui régna effectivement du xie siècle à 771 avant J.-C. (période dite des Zhou occidentaux), puis nominalement de 770 à 256 (période dite des Zhou orientaux), revêtent des formes littéraires qui font de certaines d'entre elles des monuments littéraires aussi importants que ceux de la littérature traditionnelle. On y observe des formules rythmiques bien marquées, des rimes, sinon des vers. En dehors de[...]
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Écrit par
- Paul DEMIÉVILLE : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France
- Jean-Pierre DIÉNY : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Yves HERVOUET : professeur à l'université de Paris-VII, directeur de l'Institut des hautes études chinoises au Collège de France
- François JULLIEN : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VIII, Saint-Denis
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
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