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CHINOISE (CIVILISATION) La littérature

L'Antiquité

Les Zhou orientaux (770-256 av. J.-C.)

Les « Annales » (722-481)

De la première période des Zhou orientaux (ainsi nommés parce qu'en 771 la capitale royale fut transférée de la province actuelle du Shǎnxi dans celle du Henan, située plus à l'est), il ne nous reste que quelques chroniques historiques dont l'une, celle de la principauté de Lu (dans l'actuel Shandong), était intitulée les Printemps et Automnes (Chunqiu), c'est-à-dire les saisons, les années, donc les Annales. Cette chronique couvre les années 722-481 avant J.-C., et a donné son nom, dans la tradition historique, à la période correspondante. La seigneurie de Lu était la patrie de Confucius, et c'est à l'école de Confucius que nous devons la conservation de sa chronique ; on prétendait même dans cette école, dès le ive siècle, que Confucius était l'auteur, ou tout au moins le réviseur (des historiens actuels en Chine admettent encore ce rôle de Confucius ; il est certain en tout cas que Confucius se servit de ces Annales dans son enseignement), de ce texte qui présente pourtant toutes les caractéristiques d'une chronique d'archives due à des historiographes anonymes, tels qu'il en existait alors dans toutes les cours chinoises. C'est un simple mémento chronologique, sec et nu, mais d'une grande précision et d'une terminologie très surveillée, des événements intéressant le pays de Lu : l'a b c de l'histoire, comme on en trouve dans toutes les civilisations primitives, mais d'une minutie qui devait donner le ton à toute l'historiographie chinoise ultérieure. Le conservatisme chinois a eu pour effet que jamais en Chine l'histoire ne devait se libérer complètement de ses origines annalistiques et officielles, telles qu'on les saisit dans les Printemps et Automnes. La forme annalistique qui classe les faits dans le cadre brut des années, des mois, des jours, l'usage scrupuleux mais servile des documents d'archives reproduits tels quels, la critique n'intervenant que dans le choix des documents, la mainmise de l'État sur l'historiographie, réservée en principe à des fonctionnaires officiels, tels sont, avec une précision et, dans l'ensemble, une sûreté uniques au monde, quelques-uns des traits de l'historiographie chinoise qui remontent aux Annales de l'Antiquité.

Avec la chronique brute de la principauté de Lu nous sont parvenus, sous le titre de Traditions (Zhuan), trois commentaires mis sous les noms de personnages obscurs, Zuo, Gongyang et Guliang, qui auraient été des disciples de Confucius ou de ses disciples, vers le ve siècle avant J.-C. Les deux derniers de ces commentaires sont de nature surtout éthique et rituelle ; ils jugent les faits selon les critères de l'école confucianiste, probablement tardive (iiie siècle). La Tradition de Zuo (Zuo zhuan), qui doit dater de la même époque, est par contre une histoire large et vivante de toute la Chine antique à l'époque des Printemps et Automnes. C'est une fresque ou, plutôt, une merveilleuse eau-forte de l'Antiquité chinoise ; l'œuvre est d'un tel réalisme qu'elle a été à diverses reprises condamnée par l'orthodoxie confucianiste, dont elle choquait la gravité compassée.

Confucius et Mozi (env. 550-400)

Confucius (Kongzi) est plus important dans l'histoire de la pensée chinoise que dans celle de la littérature. Dans le domaine littéraire, disons que le seul ouvrage où l'on ait des chances de percevoir un écho direct de sa personnalité et de son enseignement n'est pas de sa main : c'est un recueil de ses entretiens, intitulé Discussions et conversations (Lunyu) et compilé bien après sa mort par les soins de l'école qu'il avait fondée et où l'on vénérait sa mémoire. Telle était cette vénération que, pour ne pas risquer[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : professeur à l'université de Paris-VII, directeur de l'Institut des hautes études chinoises au Collège de France
  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VIII, Saint-Denis
  • : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
  • : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)

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Confucius - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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