CHINOISE (CIVILISATION) La littérature
Les Temps modernes
La dynastie des Song (960-1279)
Avec la dynastie des Song, on peut dire qu'à maints égards s'ouvrent en Chine les Temps modernes. Alors se dessinent les grandes lignes selon lesquelles va se dérouler, jusqu'à l'époque contemporaine, l'évolution sociale, culturelle, littéraire de la Chine. Le développement du commerce procure à des couches nouvelles de la population l'aisance qui leur permet d'accéder à la culture. L'imprimerie transforme les conditions de transmission et de diffusion de la chose littéraire, crée un commerce privé du livre, élargit considérablement la disparition des archives manuscrites. Alors se fixent définitivement les formes prosodiques que la poésie classique utilisera jusqu'à nos jours, d'une part les quatrains réguliers de cinq ou de sept pieds, le shi, hérité des Tang, de l'autre les vers irréguliers liés à des structures musicales d'origine populaire, le ci, forme qui apparaît à la fin des Tang et atteint sous les Song son apogée. L'historiographie et l'exégèse prennent sous les Song une allure personnelle et critique qui est déjà moderne, et la prose littéraire s'assouplit, tandis que s'élaborent des théories d'esthétique artistique et littéraire. En même temps, la littérature en langue vulgaire prend une ampleur qui annonce l'éclosion du grand théâtre sous les Mongols et du grand roman sous les Ming. Peu brillante au point de vue politique, la dynastie des Song se montre incapable de résister aux invasions barbares et doit se replier vers le sud (Song méridionaux, 1127-1279). Ces vicissitudes politiques n'ont pas empêché l'époque des Song d'être sinon une des plus grandes époques de l'histoire littéraire de la Chine, du moins une époque féconde en nouveautés qui préparaient l'avenir.
Le néo-confucianisme
Après un dernier regain de faveur au début de la dynastie, le bouddhisme ne tarda pas, dès le milieu du xie siècle, à perdre ce qui lui restait de vitalité et de productivité. Il se vit en même temps en butte à la réaction confucianiste dont Han Yu avait donné le signal dès la fin des Tang. Les précurseurs de ce néo-confucianisme, au xie siècle, incorporèrent les apports du bouddhisme et du taoïsme tels que la Chine les avait absorbés au cours des siècles précédents. Ce fut une renaissance philosophique, qui se présenta comme une réforme du confucianisme, celui-ci s'enrichissant en fait d'une métaphysique dont on ne voulait plus reconnaître la provenance bouddhique ou taoïque.
Il était réservé à l'illustre Zhu Xi (1130-1200) de développer ces éléments un siècle plus tard et d'en tirer une scolastique qui devait jouer, dans l'histoire de la pensée chinoise, un rôle comparable à celui du thomisme en Europe. Ce qui doit être souligné ici, c'est l'extraordinaire variété de connaissances, l'érudition encyclopédique, le style clair et souple qui caractérisent l'œuvre immense de Zhu Xi. Ses essais, sa correspondance, ses entretiens abondent en traits caustiques, frappés au coin de l'esprit critique le plus mordant : c'est un grand écrivain en même temps qu'un penseur.
Les études historiques
Sous les Song, on voit l'érudition prendre une place de plus en plus considérable dans la production littéraire. C'est de cette époque que datent les premiers recueils d'archéologie ; aux Song remontent également les premiers traités d'histoire de l'art. La critique littéraire, elle aussi, se développe parfois au détriment de la création originale et produit d'innombrables recueils de Propos sur la poésie où se formule une doctrine esthétique.
Mais c'est surtout dans le domaine de l'histoire que le sens critique et l'érudition objective firent sous les Song des progrès remarquables. Les[...]
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Écrit par
- Paul DEMIÉVILLE : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France
- Jean-Pierre DIÉNY : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
- Yves HERVOUET : professeur à l'université de Paris-VII, directeur de l'Institut des hautes études chinoises au Collège de France
- François JULLIEN : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VIII, Saint-Denis
- Angel PINO : professeur émérite des Universités, université Bordeaux Montaigne
- Isabelle RABUT : professeure émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO)
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