- 1. Maladies et thérapeutiques dans l'Antiquité chinoise : du modèle explicatif divin aux lois de la nature
- 2. « Yin », « Yang », « Wuxing », naissance d'une cosmologie liant l'homme à l'univers
- 3. Les fondements de la médecine des correspondances systématiques (Qin, Han)
- 4. Des fondements aux diverses traditions savantes
- 5. Les pratiques chamaniques, religieuses et rituelles
- 6. Médecine occidentale et médecine chinoise : d'un régime de tolérance vers un régime de compétition et de la nécessité de se définir
- 7. Bibliographie
CHINOISE (CIVILISATION) La médecine en Chine
Les fondements de la médecine des correspondances systématiques (Qin, Han)
À la fin des Zhou, une partie de l'élite a donc perdu la foi dans le modèle explicatif divin et voit désormais l'existence humaine comme dépendante des lois naturelles qui pénètrent l'univers. Ce nouveau style de raisonnement apporte des choses différentes. Pour la première fois, une image de l'intérieur du corps est verbalisée, une recherche des causes des maladies comme des traitements est exposée, même si de nombreuses contradictions existent entre les différents textes de cette époque, voire à l'intérieur d'un même texte.
Le corps : un microcosme hiérarchisé à l'image du macrocosme
Selon ces textes, le corps humain est composé d'unités anatomiques-fonctionnelles parcourues par un réseau de canaux liant toutes les parties entre elles et acheminant des substances, en particulier le sang et le Qi. Douze canaux (« canal » est aujourd'hui préféré à « méridien » car il rend mieux compte de l'idée d'acheminement qui sous-tend les termes chinois) sont reliés aux onze ou douze entités anatomiques, classées en deux catégories : les Zang, dont l'étymologie évoque l'idée de stockage, localisés en profondeur du corps, comptent les reins, les poumons, le foie, la rate, le cœur et le péricarde, souvent associés en une seule unité ; les Fu, dont l'étymologie évoque à la fois l'idée de stockage mais aussi de centre administratif, sont en superficie et comptent l'estomac, l'intestin grêle, le gros intestin, la vessie, la vésicule biliaire et le triple réchauffeur. Il est clair qu'à cette époque une connaissance anatomique est disponible. Le Nanjing, en particulier, donne la taille et le volume de chacune de ces entités. Zang et Fu correspondent donc pour l'essentiel aux organes et viscères identifiés par l'anatomie moderne. Mais la fonction qui leur est alors attribuée leur confère un sens particulier. Les Zang, d'une façon générale, gouvernent ; les Fu sont les palais des Zang, à l'image du gouverneur qui exerce à partir d'un palais. Le corps est donc perçu comme un organisme fondé sur un système d'entités anatomiques et fonctionnelles premières et secondaires reliées les unes aux autres non seulement morphologiquement, par le biais des canaux, mais aussi fonctionnellement. En effet, chaque unité anatomique est dotée de fonctions propres en étroite relation de subordination ou de commanderie avec les fonctions des autres parties du corps. À titre d'exemple, l'estomac est le palais de la rate ; par ailleurs, la rate gouverne les muscles et la chair (tabl. 1).
Toutes les parties, y compris l'esprit, sont solidaires et coopèrent, formant un microcosme dynamique relié au macrocosme. Ce lien est fourni par l'association des parties du corps aux lignes de correspondances du Yin, du Yang et des Cinq Agents. Toutes peuvent être classées en fonction de leurs caractéristiques Yin ou Yang. Les parties supérieures, gauches, extérieures du corps, sont Yang ; les parties inférieures, droites, intérieures, sont Yin. En aucun cas, cependant, la qualification Yin ou Yang d'un élément corporel n'équivaut à une essentialisation de l'élément en question qui n'est Yin que par rapport à un autre qui est Yang dans une perspective donnée. Chaque partie du corps – entités anatomiques fonctionnelles Zang et Fu, canaux, âmes Hun et Po, émotions – est également liée à l'un des Cinq Agents et à tous les phénomènes naturels qui lui sont associés : le cœur au Feu, la rate à la Terre, les poumons au Métal, les reins à l'Eau et le foie au Bois. Ainsi, le cœur est en relation, dans le corps, avec l'intestin grêle, la langue, les vaisseaux, la sueur, la joie, le rire, et, dans le monde naturel, le cœur est associé[...]
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Écrit par
- Florence BRETELLE-ESTABLET : chargée de recherche au CNRS, REHSEIS, Laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
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Médias
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