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CHINOISE CIVILISATION Les arts
Calligraphie et peinture
L'écriture utilisée à des fins purement plastiques
La création calligraphique et picturale occupe en Chine une place privilégiée ; elle constitue non pas un métier spécialisé, mais une discipline spirituelle pratiquée par l'élite intellectuelle et sociale des lettrés. Ceux-ci trouvent dans cette double activité le moyen d'expression et d'accomplissement d'une expérience intérieure dont le but ultime est le perfectionnement du moi et la réalisation d'une communion avec l'univers par la mise en harmonie de l'activité créatrice de l'artiste avec le principe créateur du cosmos.
Mais peinture et calligraphie n'ont pas acquis d'emblée ce caractère exceptionnel et ce n'est qu'au terme d'une longue évolution historique qu'elles participeront d'une commune esthétique. Les plus anciennes traditions chinoises prêtent à l'écriture un pouvoir magique : l'écriture est une prise de possession de l'univers dont elle sonde et perce les secrets. Bien que ce caractère sacré se soit progressivement effacé dans les consciences, une appréciation complète du phénomène calligraphique devra cependant en tenir compte.
La calligraphie au sens étroit du mot – c'est-à-dire l'écriture envisagée moins comme le moyen de transmettre une information que comme une création plastique exprimant la sensibilité individuelle du calligraphe – a pris son essor vers la fin de l'époque Han. À partir de ce moment, elle devient une discipline spécifique, avec son histoire et ses maîtres, ses théoriciens, ses critiques et ses collectionneurs. Parmi tous les arts, la calligraphie occupe une position privilégiée avec laquelle seule peut rivaliser la peinture – qui, depuis la fin des Tang, lui est devenue étroitement tributaire.
Technique et support
La calligraphie est tracée à l'encre, sur soie ou sur papier, au moyen d'un pinceau. Le pinceau est une création typique du génie chinois, alliant la simplicité de structure à une souplesse illimitée d'applications ; mais le corollaire de sa prodigieuse sensibilité est l'extrême difficulté de son contrôle ; pour être manié proprement, il requiert du calligraphe une intense concentration à la fois physique et spirituelle qui ne se conquiert qu'au terme de longues années d'exercice ininterrompu. L'encre, loin d'être d'une consistance stable ou d'une inerte monochromie, recèle d'inépuisables ressources ; onctueuse ou fluide selon qu'on l'additionne de plus ou moins d'eau, elle présente toute une gamme de valeurs : suivant qu'on l'emploie avec largesse, au pinceau saturé et en touches grasses, ou parcimonieusement, en laissant le pinceau à demi sec pour faire transparaître l'ossature du trait, elle permet d'obtenir les effets les plus divers. Le support – papier ou soie – est choisi pour sa qualité absorbante ; il se comporte un peu à la manière d'un buvard : au lieu de subir passivement l'attaque du pinceau et l'imprégnation de l'encre, il s'en empare aussitôt de manière active et indélébile. Ainsi, le calligraphe travaille véritablement avec des instruments vivants, dotés chacun d'une sensibilité subtile et mouvante ; en même temps, ces intermédiaires matériels sont réduits au strict minimum et amenuisent ainsi la distance qui sépare la vision intérieure de son incarnation dans les formes : pour le calligraphe, il s'agit en effet de se projeter de la manière la plus totale et la plus immédiate possible dans son œuvre, qui doit constituer « une empreinte de son cœur ».
Rythme et composition
Une pièce de calligraphie est formée d'une succession de caractères d'écriture ; chaque caractère constitue une unité plastique, combinant un assemblage plus ou moins complexe[...]
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Écrit par
- Corinne DEBAINE-FRANCFORT : docteur-chercheur au C.N.R.S. (UMR 7041) , directeur de la Mission archéologique franco-chinoise au Xinjiang (Chine)
- Daisy LION-GOLDSCHMIDT : chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michel NURIDSANY : critique d'art, écrivain, commissaire d'exposition
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS : directrice d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Pierre RYCKMANS
:
reader , Department of Chinese, Australian National University - Alain THOTE : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques, membre de l'Institut
Classification
Médias
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