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CHINOISE CIVILISATION Les arts

Estampage

L'estampage (taben) est un procédé de reproduction permettant de prendre, à l'encre et sur papier, l'empreinte négative d'un motif (inscription ou figure) gravé en intaille ou en relief sur un support de pierre, brique, bois, bronze, jade, etc.

Procédés techniques

On recouvre le sujet d'une feuille de papier humide ; pour amener le papier à épouser tous les accidents de la surface à reproduire, on le tapote avec un maillet feutré ou on le frotte avec une brosse à poils durs. On encre ensuite en tapotant la surface entière du papier avec un tampon de charpie imbibé d'encre. Quand l'encre a séché, on décolle le papier du support ; les motifs en creux apparaissent en blanc sur fond noir. Selon que l'on use d'un tampon encreur grassement imbibé ou légèrement humecté, on obtient soit un fond d'un noir lustré (qui convient aux prises d'empreintes sur support lisse), soit un fond nuancé qui reproduit le grain et les accidents du support (approprié pour un support fruste et rugueux). Une autre technique, plus délicate, s'exécute à sec : on y a recours lorsque l'œuvre à reproduire présente une surface très irrégulière ou dont le graphisme est partiellement brouillé (stèles rongées par les intempéries, etc.), ou encore lorsque le support est d'une nature fragile (jade), ou que le motif est particulièrement subtil (ciselures d'un bronze). Cette méthode à sec s'impose également lorsque le support (bois) est recouvert d'une couche de laque ou de peinture que le procédé humide risquerait d'endommager. La méthode à sec requiert un papier extrêmement fin mais très résistant, que l'on applique sur le support en le pressant de la paume. L'encre (qui en Chine se présente sous forme solide) est directement maniée à la main et frottée sur le papier d'un mouvement semblable à celui du pinceau ; pour ce travail, on se sert généralement de pains d'encre spéciaux, ronds et plus mous que les bâtons d'encre ordinaires. Toute la difficulté réside dans le maniement du pain d'encre, dont la pression doit être à la fois ferme et légère. Avec ce procédé, on obtient un fond de grisaille où se lisent tous les accidents de relief du support.

Multiplication des textes gravés sur la pierre

L'estampage, qui fut pratiqué en Chine depuis une antiquité reculée (dès l'époque Han, semble-t-il, mais le plus ancien témoin subsistant date du viie siècle de notre ère), servait principalement à la reproduction et à la diffusion des textes gravés sur les stèles de pierre. L'invention ultérieure des procédés d'impression par planches de bois gravées n'a nullement privé l'estampage de sa position privilégiée : ses qualités esthétiques, d'une part, et son degré de fidélité, d'autre part, sont en effet inégalables. Les estampages faits à partir de stèles reproduisant des calligraphies – voire des peintures – dont les originaux ont disparu (parfois ces stèles elles-mêmes ont à leur tour disparu) présentent un intérêt archéologique, historique et artistique considérable, et sont prisés par les connaisseurs au même titre que des œuvres d'art originales.

— Pierre RYCKMANS

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Écrit par

  • : docteur-chercheur au C.N.R.S. (UMR 7041) , directeur de la Mission archéologique franco-chinoise au Xinjiang (Chine)
  • : chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
  • : critique d'art, écrivain, commissaire d'exposition
  • : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
  • : directrice d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
  • : reader, Department of Chinese, Australian National University
  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques, membre de l'Institut

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