- 1. Évolution générale
- 2. Préhistoire et archéologie
- 3. L'Âge du bronze
- 4. Orfèvrerie
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- 14. Céramique
- 15. Émaux
- 16. Arts populaires
- 17. Le connaisseur chinois
- 18. L'art contemporain
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CHINOISE CIVILISATION Les arts
Jade
Origine des néphrites et des jadéites
Dès l'Antiquité, le yu, pierre noble par excellence, a été entouré d'une aura magique dont on trouve l'écho dans les textes historiques et dans la poésie. La beauté de son poli, sa sonorité, sa dureté en ont fait le symbole des cinq vertus morales des confucianistes : bonté, rectitude, sagesse, courage, pureté. Pour les taoïstes, l'absorption de yu, réduit en poudre, devait permettre d'accéder à l'immortalité des Sages. L'emploi de yu dans les rites funéraires semble avoir pour origine les propriétés prophylactiques qui lui étaient attribuées : il était censé protéger les corps de la putréfaction. Depuis le xviie siècle, l'Occident a identifié le yu au jade, que découvrirent les Espagnols dans le Nouveau Monde et qu'ils introduisirent en Europe. À l'heure actuelle, ce terme général couvre les néphrites et les jadéites qui se distinguent par leurs indices de dureté et leurs poids spécifiques.
Ces deux matières ne semblent pas avoir existé en Chine, qui les reçut de l'étranger. Le commerce des néphrites vertes du Turkestan (régions de Khotan et de Yarkand) est mentionné dans les textes Han et doit remonter à une époque plus ancienne. Des gisements de néphrites d'un blanc bleuâtre existent au sud du Baïkal. Les archéologues russes ont signalé l'emploi de cette pierre dans les cultures néolithiques de cette région : outillage de la culture de Kitoj (2500-1700 av. J.-C.), parures exhumées des sépultures féminines de la culture de Glaskovo (1700-1200 avant J.-C.). On a longtemps supposé que le rayonnement de ces cultures à travers la Transbaïkalie avait contribué à l'épanouissement de la civilisation des Shang, en Chine du Nord. Les datations doivent donc être révisées et cette influence pourrait, en outre, s'être effectuée de façon indirecte. En Chine même, deux thèses s'affrontent : passage direct au Henan de la poterie rouge à la poterie gris sombre (Miaodigou II) ou bien, à la même époque, existence d'une culture sur le littoral du Jiangsu et au Shandong, culture qui aurait rayonné vers le Hebei et le Henan, au nord, vers le Zhejiang au sud.
De plus, le professeur Kwang-chih Chang a fait état d'un gisement de jade à Nanyang, à 275 kilomètres au sud d'Anyang, gisement exploité actuellement mais dont nous ignorons s'il l'était déjà au cours du Néolithique.
La nomenclature des jades rituels dans le Zhou li, « rituel des Zhou » rédigé à la fin du Ier millénaire avant notre ère, a été utilisée dans des études ultérieures (Kaogu tu, xiie siècle ; travaux des savants de l'époque mandchoue, xviiie-xixe s.). Reprise par Berthold Laufer, discutée par Paul Pelliot, elle a servi dans les classifications occidentales.
Les jades de fouille
À l'heure actuelle, les jades les plus anciens proviennent du Jiangsu septentrional et du Shandong, dont les sites révèlent une agriculture et une organisation sociales plus élaborées ainsi qu'un outillage lithique plus diversifié et mieux poli que ceux du bassin du Huanghe, dits de Yangshao, caractérisés par leurs poteries peintes. Au IVe millénaire avant J.-C., dans le complexe de Dawenkou (Shandong), pour des besoins que l'on suppose rituels, apparaissent des jades en forme de haches et de ciseaux ainsi que des ornements en forme de demi-cercle (huang) tandis que dans la pierre et l'os sont taillés des disques repercés en leur centre (bi) et des cubes à ouverture centrale arrondie (zong).
Ces cultures dites longshanoïdes (d'après le site de Longshan, découvert en 1928 au Shandong, qui en serait l'aboutissement) seraient entrées en contact avec le Yangshao du Henan dont elles auraient adopté la poterie peinte, lui transmettant en même temps l'usage du tour et leur poterie en grès sombre.[...]
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Écrit par
- Corinne DEBAINE-FRANCFORT : docteur-chercheur au C.N.R.S. (UMR 7041) , directeur de la Mission archéologique franco-chinoise au Xinjiang (Chine)
- Daisy LION-GOLDSCHMIDT : chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michel NURIDSANY : critique d'art, écrivain, commissaire d'exposition
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS : directrice d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Pierre RYCKMANS
:
reader , Department of Chinese, Australian National University - Alain THOTE : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques, membre de l'Institut
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Médias
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