- 1. Évolution générale
- 2. Préhistoire et archéologie
- 3. L'Âge du bronze
- 4. Orfèvrerie
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- 12. Estampes et gravures
- 13. Estampage
- 14. Céramique
- 15. Émaux
- 16. Arts populaires
- 17. Le connaisseur chinois
- 18. L'art contemporain
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CHINOISE CIVILISATION Les arts
Ivoire
Des techniques minutieuses
La production des ivoires chinois s'étend sur plus de trois millénaires. Ils peuvent se répartir en catégories distinctes, liées à leur époque, leur destination et la disponibilité de la matière première. Sous les dynasties Shang et Zhou, l'éléphant était indigène dans le nord et le centre de la Chine ; l'ivoire, matière précieuse, était réservé à des objets rituels ou cérémoniels destinés au roi ou à la noblesse. Aux environs de l'ère chrétienne et pendant les siècles qui suivirent, l'éléphant ne subsiste qu'en Chine du Sud et l'ivoire semble avoir été importé occasionnellement de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est. Les pièces connues sont rares et difficiles à dater. En revanche, à partir des Yuan et surtout des Ming, la production devient de plus en plus abondante et variée, servie par un commerce maritime intense qui répand en Chine l'ivoire de l'Asie et de l'Afrique. Enfin, dès le début du xviiie siècle, apparaît une fabrication massive destinée à l'exportation vers l'Europe ; elle se poursuivra jusqu'aux temps modernes, mais a sombré très vite dans la pure virtuosité.
L'ivoire se travaille facilement avec des outils de métal, dans le sens du grain pour éviter les éclats ; il permet un rendu réaliste et minutieux des détails. En vieillissant, l'ivoire prend une patine chaude et brillante que ne peut égaler aucun procédé artificiel (fumées de tabac, ocre, tanin). Sa résistance au temps, sa douceur au toucher après polissage en ont fait un matériau très apprécié des lettrés chinois. La taille est l'ouvrage d'artisans groupés en corporations, qui ne signent leurs œuvres que très rarement. Par contre, beaucoup de pièces sont datées ou portent un poème gravé. Les ivoires peuvent être finement incisés, sculptés, ajourés, incrustés de turquoises ou d'autres matières précieuses. À certaines époques, ils ont été rehaussés de couleurs, laqués ou dorés.
Une production variée
Les ivoires archaïques, qui remontent à 1300 environ avant J.-C., sont de petites dimensions : épingles à large tête, pièces d'ornement, manches d'objets rituels, et ne subsistent souvent qu'à l'état de fragments. Ils portent le même décor gravé que les bronzes, les marbres, les jades contemporains : masques dragons, spirales, cigales. Ce décor évoluera, comme celui des bronzes, à l'époque Zhou, vers un style animalier plus souple. Parmi les plus importants des ivoires archaïques figurent un beau masque de taotie, d'époque Shang, et une pièce d'applique de la fin des Zhou, ornée de dragons entrelacés dans le style des bronzes du ve siècle (musée Guimet, Paris).
Sous les dynasties suivantes, les ivoires sont rares ; les seuls que l'on puisse dater avec certitude, de l'époque Tang, se trouvent dans le trésor du Shōsōin, à Nara (Japon) : pièces ornementales, instruments de musique, dés à jouer, manches d'éventail ou de poignard.
Les Ming inaugurent une ère d'abondante production ; ce sont des statuettes, religieuses ou profanes, traitées avec simplicité et dont l'attitude et les draperies souples s'adaptent à la courbe de la défense ; ce sont tous les accessoires du lettré (pots à pinceaux, appuie-bras, écrans de table), ainsi que ceux des fumeurs d'opium. Il faut encore mentionner les ivoires « médicaux » – ils offrent un des seuls exemples de nudités féminines dans l'art chinois –, les sceaux, dont quelques exemplaires impériaux nous sont parvenus, et les ornements des mandarins. Sous les Qing, la variété est plus grande encore et l'habileté technique va croissant. Outre un atelier impérial fondé en 1682 et resté actif jusqu'en 1796, des centres fonctionnent à Canton, Shanghai, Amoy, Ningbo ; il est d'ailleurs[...]
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Écrit par
- Corinne DEBAINE-FRANCFORT : docteur-chercheur au C.N.R.S. (UMR 7041) , directeur de la Mission archéologique franco-chinoise au Xinjiang (Chine)
- Daisy LION-GOLDSCHMIDT : chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michel NURIDSANY : critique d'art, écrivain, commissaire d'exposition
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS : directrice d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Pierre RYCKMANS
:
reader , Department of Chinese, Australian National University - Alain THOTE : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques, membre de l'Institut
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Médias
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