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CHINOISE CIVILISATION Les arts

Mobilier

Évolution du mobilier en bois dur

L' ébénisterie chinoise se distingue par la qualité des bois employés, la solidité et l'équilibre des volumes, les lois rigoureuses de l'assemblage, la sobriété ou même l'absence de décor, toutes caractéristiques qui valent pour la catégorie la plus remarquable, celle du mobilier en bois dur des demeures austères de l'aristocratie et des classes aisées ; jamais exportée, cette catégorie est la moins connue en Occident. Il en va tout autrement des meubles laqués ou incrustés, utilisés dans les temples, les palais, les lieux publics ; dès le xviie siècle, ils ont fait l'objet d'un commerce intense qui fournit à l'Europe des modèles qu'elle imita ou qu'elle adapta au mobilier occidental. Cependant, les meubles en laque rouge sculpté dit « de Pékin », dont le caractère somptueux répondait au goût de la Cour au xviiie siècle, n'étant pas destinés à l'exportation, ne sont apparus en Europe qu'au xixe siècle. Ces dernières catégories ressortissent à l'art du laque plus qu'à celui du mobilier.

Le mobilier en bois dur remonte à la plus haute antiquité, comme en témoignent des vestiges archéologiques de l'époque Shang. Les plus anciens meubles qui nous soient parvenus datent du viiie siècle : ce sont des tables, des tabourets, des fauteuils, des porte-vêtements conservés au Shōsōin, à Nara (Japon). Dès lors, le mode de vie avait changé : à la large plate-forme où l'on se tenait accroupi ou étendu, entouré de tables basses, de petits bancs, d'appuie-bras, se sont substitués la chaise, le fauteuil, la table haute, les Chinois ayant peu à peu adopté la position assise à l'occidentale, sous l'influence d'apports étrangers introduits avec le bouddhisme. La plate-forme donna d'autre part naissance au grand lit de repos, souvent pourvu d'un baldaquin ou d'un dossier et d'accoudoirs, massifs ou ajourés en treillis. Bientôt apparaissent des armoires, des coffres, des bahuts dont la structure architecturale offre de larges surfaces de bois plein où les veinures sont soigneusement mises en valeur. Les armoires, dont les vantaux s'appuient en général sur un meneau, sont parfois formées de deux coffres superposés et peuvent comporter des tiroirs intérieurs. Outre de grasses moulures d'encadrement, leur ornementation se limite au rythme des montures en laiton qui marquent de leur éclat les charnières et les serrures. Ce sont des plaques martelées, circulaires ou rectangulaires, unies ou striées, parfois discrètement découpées en volutes, avec des poignées mobiles pour les fermetures.

Après une lente élaboration, le mobilier atteint sa plus haute perfection sous les Ming, peut-être dès le xve siècle. Sa qualité réside en grande partie, pour les meubles clos comme pour les sièges et les tables, dans le choix de bois denses et lourds, souvent odorants, aptes à prendre un lustre satiné, presque métallique. La plupart étaient importés de l'Asie du Sud-Est : citan, palissandre tropical violacé, finement veiné, huali ambré, aux veines très marquées, hongmu rougeâtre, employé surtout au xviiie siècle. La beauté des meubles est faite aussi du volume net et cubique dans lequel ils s'inscrivent, de leur conception fonctionnelle avouée, où les consoles de support et les entretoises soulignent franchement la structure. Les pieds des tables sont en général recourbés vers l'intérieur ; les dossiers des sièges portent un montant central plat, incurvé pour épouser la forme du dos, souvent surmonté d'un léger renflement pour la nuque. Le couronnement et les bras des fauteuils, souvent sinueux, établissent un jeu savant de droites et de courbes.

Un art d'assemblage

La technique est toujours demeurée rigoureusement traditionnelle. La science des assemblages[...]

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Écrit par

  • : docteur-chercheur au C.N.R.S. (UMR 7041) , directeur de la Mission archéologique franco-chinoise au Xinjiang (Chine)
  • : chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
  • : critique d'art, écrivain, commissaire d'exposition
  • : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
  • : directrice d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
  • : reader, Department of Chinese, Australian National University
  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études, section des sciences historiques et philologiques, membre de l'Institut

Classification

Médias

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

Vase rituel en forme de tigre, dynastie Shang, Chine - crédits : Bequest of Grenville L. Winthrop,  Bridgeman Images

Vase rituel en forme de tigre, dynastie Shang, Chine

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-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

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