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CHINOISE (CIVILISATION) Sciences et techniques

Astronomie

L'astronomie (tianwen) constitue un ensemble de spéculations et de pratiques tournées vers l'utilisation des phénomènes célestes à des fins politiques. Les astronomes-astrologues-calendéristes (chouren) étaient des fonctionnaires affectés au bureau d'Astronomie (significativement, la nomenclature chinoise des étoiles et constellations s'inspire bien plus de la terminologie administrative que de la mythologie). Le Zhouli (le rituel des Zhou) fournit déjà une description idéalisée de cette institution étatique qui, à travers maintes réformes, se maintiendra jusqu'au xxe siècle. Son personnel ne jouissait pas d'un statut très élevé et, fréquemment, des étrangers y occupaient une position importante : Indiens sous les Tang, musulmans sous les Ming, organisés en un corps particulier à Nankin, parallèlement à l'Office chinois de Pékin, missionnaires européens dominant le bureau de 1644 à 1826, en raison du déclin de l'astronomie chinoise à une époque où l'Europe se trouvait en plein essor scientifique. Ce bureau d'Astronomie comprenait plusieurs services : instruments, observations, calcul, calendrier, divination, enseignement. Le calendrier comprenait des tables pour la prédiction des mouvements apparents du Soleil, de la Lune et des Cinq Planètes, des pronostics astrologiques induits par les correspondances entre régions terrestres et secteurs du Ciel traversés par ces astres (fenye), les dates des éclipses, les jours fastes appropriés au déroulement des cérémonies, à la mise en chantier des travaux, etc.

Il existe deux sortes de phénomènes célestes : ceux qui sont périodiques et dont le retour peut être prédit, et ceux qui ne se prêtent qu'à l'observation, car se manifestant sans régularité apparente. L'interprétation de ces derniers relève de l'astrologie, tandis que les autres alimentent la science calendérique (lifa). Mais le calendrier contient aussi des cycles arbitraires, indépendants de l'astronomie. Sous les Yin, les ritualistes avaient constitué un calendrier sexagésimal comptant soixante jours répartis en six décades, chaque jour étant repéré par la donnée d'un couple dont le premier appartient à une série de vocables dénaires (les dix « troncs célestes », tiangan), et le second à une série duodénaire (les douze « branches terrestres », dizhi). À partir de 104 avant J.-C., ce système servit aussi à noter les années, et on l'utilise encore de nos jours. Même après la prise en compte du mouvement du Soleil, l'année fut assimilée à une vaste respiration ponctuée de 24 articulations pneumatiques (ershisi jieqi), elles-mêmes réparties en 12 coupes respiratoires (jieqi), et 12 pleins respiratoires (zhongqi), dont faisaient partie solstices et équinoxes. Dans le calendrier luni-solaire du ive siècle avant notre ère, appelé la « norme des quarts » (sifen li), l'année tropique valait 365 jours 1/4 et, détail typique de l'importance du calendrier, c'est la division du cercle en autant de parties qui leur servit de degré ; le mois synodique valait 29,53 jours (en pratique on distinguait des mois de 29 et d'autres de 30 jours). Mais la discordance entre une année de 12 mois lunaires, inférieure d'une dizaine de jours à l'année solaire, les avait amenés à introduire 7 mois intercalaires tous les 19 ans, exactement comme dans le système attribué à l'Athénien Méton (vers 432 av. J.-C.). La période de 76 ans (bu), dite « de Callipe » (vers 370-330 av. J.-C.) leur livra un accord encore meilleur. Jupiter, qui accomplit sa révolution sidérale presque exactement en 12 ans (en fait 11,86 ans, valeur que devait mettre en évidence Liu Xin sous les Han) leur procura un autre cycle calendérique supra-annuel. Finalement, un grand système de cycles aux périodes multiples les unes des autres[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S. (centre de recherche sur la civilisation chinoise)

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