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CHINOISE (CIVILISATION) Sciences et techniques

Techniques

La science, qui a pour objet le savoir, et la technique, tournée vers les applications concrètes, s'appuient fréquemment l'une sur l'autre. Dans le monde chinois, ces deux domaines complémentaires ont toujours été remarquablement solidaires, mais ce pourrait être une erreur d'interpréter ce fait comme une donnée proprement chinoise.

L'Occident et la Chine n'ont pas connu des modes de développement concomitants, et c'est pourquoi certaines techniques sont apparues chez l'un ou l'autre avec de grands décalages dans le temps. Bien plus que d'« avances » ou de « retards », ces décalages témoignent de l'originalité des civilisations, et il est naturel qu'il y ait eu des échanges : l'Occident médiéval n'a pu connaître certaines techniques essentielles que grâce à l'apport chinois.

L'invention du papier, que la tradition attribue à l'eunuque Cai Lun, au début du iie siècle de notre ère, est en fait le résultat d'un long processus amorcé deux siècles plus tôt. L'analyse physique et chimique de fragments de papier remontant au ier siècle avant notre ère, découverts lors de fouilles au Lobnor en 1935, puis, plus récemment, au Shenxi en 1957, a permis d'en préciser les étapes. Les papiers les plus anciens sont à base de chanvre, mais peu à peu les matériaux se sont diversifiés : écorce de mûrier, bambou, lin, paille de riz ou de blé. Les techniques de cette fabrication seraient passées en Occident grâce aux contacts entre Chinois et Arabes en Perse et en Transoxiane, avant le milieu du viiie siècle. Le papier, support de l'écriture, de la peinture, de l'estampage, sert aussi de monnaie (dès le ixe siècle). D'abord utilisée pour la reproduction de textes bouddhiques, la xylographie intervient rapidement dans la fabrication des livres (ixe-xe s.). Elle devait conserver un rôle prépondérant en dépit de l'invention de l'imprimerie à caractères mobiles (1086), qui connut son plus grand essor en Corée à partir du xve siècle.

La plus ancienne mention connue de la poudre à canon se trouve dans un ouvrage d'alchimie chinois qui date du milieu du ixe siècle (en Europe, c'est Roger Bacon qui y fait allusion le premier en 1267). Contrairement à une opinion répandue, selon laquelle celle-ci n'aurait été utilisée en Chine que dans la fabrication des feux d'artifices, la poudre eut des applications militaires dès le xe siècle. Des projectiles incendiaires, puis le lance-flammes apparaissent d'abord (avant 950) ; viennent ensuite roquettes en tubes de bambou, bombes, grenades et flèches incendiaires vers 1000 ; en 1161, les armées Song l'emportent sur les Jürchen grâce à des catapultes à grenades explosives (pilipao).

Le fer apparaît en Chine vers le vie siècle avant notre ère, longtemps après sa découverte en Asie Mineure, six siècles plus tôt. Mais il est remarquable que, à la différence de l'Occident, le monde chinois ait très vite appris à le fondre, sans faire grand cas de la forge et du martelage. De nombreux objets datant de l'époque des Royaumes combattants – outils, armes, monnaies –, mis à jour à partir de 1950, en témoignent. D'après J. Needham, ce développement exceptionnellement rapide serait dû à la longue expérience acquise par les Chinois en matière de fusion du bronze, à l'utilisation de soufflets avec cylindres et pistons, ainsi qu'aux particularités des matériaux employés : minerais à haute teneur en phosphore permettant une fusion du fer à température moindre, argile réfractaire. La maîtrise de la technologie du fer permit, en particulier, la fabrication de chaînes pour ponts suspendus et d'attaches pour ponts à arches segmentées, comme celui de Zhaoxian, au Hubei (viie s.). L'acier (vers 200 av. J.-C.) semble avoir[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S. (centre de recherche sur la civilisation chinoise)

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