CHIROPTÈRES ou CHAUVES-SOURIS
Biologie et comportement
Vol et écholocation
Les Chauves-Souris ont une activité nocturne et parfois crépusculaire ; les espèces – ce sont les plus nombreuses – qui se nourrissent d'insectes les repèrent en vol et dans l'obscurité, par un système d'écholocation très perfectionné qui leur permet aussi d'éviter les obstacles. Les ultra-sons peuvent être émis à une cadence de 200 par seconde, avec une fréquence de 50 à 120 kilocycles par seconde, d'une durée très courte, souvent de l'ordre de la milliseconde.
Les types et les modes d'émission des ultra-sons sont très variables suivant les genres et même les espèces. Chez les Vespertilionidae, des membranes spéciales du larynx constituent l'organe émetteur. Beaucoup d'espèces ont des appendices nasaux, de formes variées, parfois très développés, jouant un rôle dans la modulation des ultra-sons. Les ultra-sons réfléchis par la proie, ou l'obstacle, sont captés par les pavillons auditifs, très souvent de grande taille, et renseignent l'animal avec une extrême rapidité sur la distance qui le sépare de son but.
Le vol est plus ou moins rapide, plus ou moins efficace aussi, suivant la forme et la surface portante des ailes. Les Rhinolophes, aux ailes courtes, ont un vol malhabile et hésitant, cependant que la noctule, aux ailes longues et effilées, peut planer et atteindre parfois une vitesse de 50 km/h. Le record de vitesse appartient sans doute à une espèce américaine, Tadarida brasiliensis, chez laquelle une vitesse voisine de 100 km/h a pu être enregistrée. Ses migrations se font du Texas, où a lieu au printemps la mise bas, au Mexique, où les femelles surtout viennent en automne pour hiberner. Beaucoup d'autres espèces effectuent des migrations de moindre importance. Cependant, les noctules européennes, par exemple, parcourent parfois plus de 2 000 km, alors que le murin commun passe souvent l'hiver à plus de 200 km de son lieu de séjour estival. Des expériences incontestables ont montré chez les Chiroptères une capacité d'orientation lointaine analogue à celle des pigeons voyageurs.
Biologie sexuelle et vie sociale
La biologie sexuelle des Chauves-Souris est surtout remarquable par le rythme annuel de la reproduction, la fécondation différée de l'œuf et la ségrégation des sexes, très fréquente hors des périodes de reproduction. La plupart des espèces n'ont, en effet, qu'un seul œstrus par an. Chez les Rhinolophes et les Vespertilions, où l'accouchement a lieu en automne, le sperme est conservé vivant dans le tractus génital de la femelle jusqu'au printemps, où s'effectue la ponte ovulaire et la fécondation. La gestation proprement dite est d'une durée variable ; elle est par exemple de 45 jours chez la pipistrelle, mais atteint 5 à 6 mois chez les grands Pteropus tropicaux. Très fréquemment, enfin, on trouve dans les grottes et autres lieux de séjour des colonies composées exclusivement de mâles ou de femelles ; ainsi en est-il des grands Rhinolophes et de la plupart des Vespertilionidae, chez lesquels les femelles constituent d'avril à juillet des colonies de mise bas dont les mâles sont exclus.
La vie sociale est un fait très général chez les Chiroptères : rares sont les espèces solitaires. Le nombre d'individus rassemblés dans une grotte peut parfois atteindre des chiffres considérables : 500 000 Hipposideros caffer ont été dénombrés dans une grotte au Gabon, 20 millions de Tadarida brasiliensis aux Carlsbad Caverns au New Mexico. Les cavités souterraines sont évidemment des lieux de rassemblement privilégiés pour des populations aussi nombreuses, mais les groupes beaucoup plus restreints que forment d'autres espèces établissent leur gîte diurne dans les arbres, les rochers, les terriers et surtout, à la campagne, dans les constructions humaines habitées ou[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Robert MANARANCHE : docteur ès sciences, maître assistant à l'université de Paris-VII
Classification
Médias
Autres références
-
ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES
- Écrit par Frédéric KECK et Christos LYNTERIS
- 3 955 mots
- 4 médias
...raisonnement qui accusent les rats de la transmission en décrivant leurs conditions de vie (cas de la peste des chiffonniers à Paris en 1920). La désignation des chauves-souris comme réservoirs d’un grand nombre de zoonoses – rage, Ebola, SRAS, Nipa, Hendra… – tient à leur capacité à échanger des virus entre espèces... -
COMPORTEMENT ANIMAL - Fondements du comportement
- Écrit par Dalila BOVET
- 2 830 mots
- 5 médias
D'autres facteurs peuvent rythmer le comportement. Certains animaux nocturnes suivent le rythme de la lune : leschauves-souris roussettes de Jamaïque préfèrent l'obscurité qui leur permet d'être cachées tant pour attraper leurs proies que pour éviter les prédateurs. Elles-mêmes n'ont pas besoin de... -
CORONAVIRUS
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 2 689 mots
- 1 média
...devenus spécifiques à l’homme et endémiques chez ce dernier. Dans les trois cas les plus virulents, ils dérivent de virus présents chez des chauves-souris . Un changement (ou peut-être plusieurs) dans le génome viral, dont on ne connaît pas toujours la nature avec certitude, lui a tout d’abord permis de... -
CYANOBACTÉRIES ou CYANOPHYCÉES, anc. ALGUES BLEUES
- Écrit par Pierre BOURRELLY et Jean Claude LEFEUVRE
- 2 711 mots
- 3 médias
...dépendant de l'archipel des Mariannes dans le Pacifique. Constatant que la population Chamorro de cette île consomme lors de certaines fêtes des roussettes (chauve-souris frugivore du genre Pteropus) largement contaminées par le BMAA, Cox a recherché la source de BMAA. Il a pu ainsi montrer que ces roussettes... - Afficher les 19 références