CHIRURGIE ESTHÉTIQUE
Discipline chirurgicale « magique », la chirurgie plastique et esthétique fascine par son pouvoir de modelage, de réparation ou d'embellissement. En effet, se confronter à son image corporelle n'est pas toujours gratifiant. Dans une société ou le paraître est roi, qui n'a pas envie, d'être plus beau ou plus séduisant ? Comment résister au désir de coller aux canons de la beauté affichés en permanence ? Pourquoi devoir s'accepter tel que l'on est, souvent au prix d'un terrible effort ? Désir strictement personnel disent les uns, impossibilité d'échapper à la pression sociale disent les autres. Tous veulent avoir recours à une intervention chirurgicale dont le but premier sera de les remettre en accord avec eux-mêmes et avec l'image qu'ils souhaitent montrer aux autres.
Ces interventions, jamais anodines, relèvent de procédures chirurgicales complexes comportant des avantages, certes, mais aussi des inconvénients. C'est une évaluation précise de ce rapport bénéfices-risques qui préoccupera le bon chirurgien avant qu'il n'accepte d'opérer. « Bon chirurgien » laisse-t-il supposer qu'il en existe de mauvais ? Pourquoi insinuer un doute sur une discipline aussi fantastique au lieu d'en faire l'éloge ? Que signifie cette contradiction qui assombrit quelque peu nos folles espérances ? Pourquoi le chirurgien devrait-il accepter l'intervention ? N'est-ce pas plutôt au patient d'en décider ? Les opinions diffèrent à ce propos. Sans préjuger alors de la qualité du chirurgien ou du patient, on parlera plutôt de divergences dans l'approche finale de la décision opératoire. Le tout étant en définitive que patient et chirurgien soient bien d'accord sur le résultat attendu.
C'est pourquoi la décision devra faire l'objet d'un consentement éclairé. Et, pour qu'il soit vraiment éclairé, le professionnel, en l'occurrence le chirurgien, doit tout dire à son patient. Omettre ou cacher des informations ne permet plus le choix éclairé mais amène au choix orienté. La responsabilité de l'acte revient sans conteste au praticien. C'est lui qui doit savoir quand les chances de succès seront optimales.
Les contraintes sociales et économiques sont de plus en plus pesantes pour tous. Les techniques progressent, les demandes sont plus exigeantes, voire extravagantes. La quête du bien-être, ou devrions-nous dire un peu honteusement, du bonheur, semble de plus en plus difficile et la chirurgie esthétique s'inscrit comme l'un des moyens disponibles pour y parvenir. Et il est vrai que cette chirurgie apporte le bonheur si elle est pratiquée à bon escient et avec talent. À l'inverse, comme toute arme efficace, elle peut se retourner contre son utilisateur et entraîner de graves conséquences psychologiques et physiques.
Plastique ou esthétique ? Le cadre réglementaire français
La chirurgie esthétique est en France, depuis 1989, une discipline officielle bénéficiant d'une formation spécifique aboutissant à une qualification délivrée par le Conseil national de l'ordre des médecins.
Avant 1989, son statut était vague. Elle ne faisait qu'officieusement partie de la chirurgie plastique et reconstructrice qui s'est elle-même individualisée en France durant les années 1960. Cette dernière consiste à réparer les patients victimes de traumatismes, de maladies destructrices ou de malformations. Les reconstructions du sein à la suite d'un traitement pour cancer de celui-ci sont quasi automatiques aujourd'hui et de plus en plus performantes. Les techniques de réparation, qui font appel entre autres aux greffes et lambeaux (mobilisation d'une partie du corps vers une autre), ont rapidement progressé pour devenir très sophistiquées. Des transplantations microchirurgicales sur les membres ont été effectuées[...]
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Écrit par
- Pierre NAHON : chirurgien spécialiste de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, A.I.H.P.-A.C.C.A. des universités de Paris
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