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CHIRURGIE

Bilan actuel et perspectives

Notre époque est si fertile en découvertes qu'il est bien difficile de prévoir ce que sera la chirurgie dans l'avenir. Certains secteurs de la pathologie médicale ont disparu, comme certaines maladies contagieuses, d'autres sont en plein remaniement. En revanche, des maladies nouvelles sont apparues, soit qu'elles aient été méconnues jusqu'alors, soit qu'elles aient été créées par les progrès dus à notre mode de vie. On peut citer notamment les maladies dues à l'irradiation radioactive, à certains médicaments ou encore à des virus. Enfin, de grands secteurs de la pathologie voient leur traitement complètement transformé par de nouvelles découvertes : la compréhension de l'étiologie des cancers modifie leurs traitements, au même titre que la découverte des traitements immunologiques a permis la transplantation chirurgicale d'organes. Ces bouleversements ont un retentissement direct sur la pathologie chirurgicale, c'est-à-dire sur les maladies que le chirurgien est appelé à opérer.

Parallèlement, des progrès continuent sur le plan de la technique chirurgicale, aussi bien que sur celui de la réanimation chirurgicale. Cela rend possibles de nouvelles opérations plus audacieuses, qu'il était encore déraisonnable de tenter il y a quelques années. La chirurgie est donc toujours en pleine évolution, comme en témoignent les audaces des transplantations d'organes.

La chirurgie des infections est en constante régression. Elle fut longtemps une des principales occupations des chirurgiens. Déceler, puis ouvrir un abcès, enlever un organe infecté représentait la moitié, sinon plus, de leur activité. Avec l'avènement des sulfamides, puis des antibiotiques, les maladies infectieuses sont désormais sinon évitées, du moins guéries sans opération. Cela est vrai tout autant pour les infections aiguës (les panaris à ouvrir sont rares) que pour les infections chroniques et froides. La tuberculose, et particulièrement la tuberculose pulmonaire, est devenue moins fréquente, elle nécessite rarement une opération chirurgicale. Tout progrès cependant porte en lui ses inconvénients. Si les antibiotiques ont bouleversé le pronostic et les indications thérapeutiques des infections, leur abus a engendré une nouvelle pathologie infectieuse souvent plus torpide et sournoise, due à l'éclosion de souches de germes résistants particulièrement redoutées en milieu hospitalier, où ils causent des maladies dites nosocomiales.

Les tumeurs restent du domaine de la chirurgie, car l'un des moyens de les guérir est en général de les enlever. Cela est vrai des tumeurs bénignes, aussi bien que des tumeurs malignes, ou cancers. Mais les progrès de la radiothérapie et de la chimiothérapie ont transformé la stratégie thérapeutique de certaines tumeurs, qu'elles soient de petite taille ou au contraire très évolutives (cancer du sein en poussée notamment), certaines d'entre elles montrant une sensibilité particulière aux radiations ou aux antimitotiques. Désormais, la chirurgie des tumeurs ne se conçoit plus comme un acte radical et exclusif, mais comme un « moment thérapeutique » dans une stratégie très complexe où interviennent à des moments variés (avant, pendant et/ou après l'intervention) d'autres exécutants. Parfois même ces thérapeutiques se substituent complètement à la chirurgie.

La chirurgie physiologique ne semble pas réaliser les espoirs que René Leriche fondait en elle. On sait que cette chirurgie se propose de corriger une maladie en modifiant par une opération chirurgicale le fonctionnement, devenu anormal, de certains organes.

La résection partielle d'une glande thyroïde pour hyperthyroïdie est une opération physiologique directe. La section du nerf sympathique lombaire, qui vise à lever le spasme artériel et à ouvrir des voies de circulation[...]

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Écrit par

  • : chirurgien des Hôpitaux de Paris, professeur à la faculté de médecine
  • : ancien interne des Hôpitaux de Paris, docteur en médecine, chef du service de chirurgie de l'hôpital Henri- Dunant, Paris
  • : docteur en médecine

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