CHLOROQUINE ET HYDROXYCHLOROQUINE
La chloroquine (commercialisée en France à partir de 1949 sous le nom de Nivaquine®) et l’hydroxychloroquine (commercialisée en France à partir de 1955 sous le nom de Plaquenil®) sont deux molécules de synthèse chimiquement très proches, utilisées dans la prévention du paludisme et le traitement des accès fébriles paludéens. Elles sont de ce fait en premier lieu des substituts de la quinine, avec laquelle elles partagent une partie de leur structure chimique. En second lieu, du fait de leurs propriétés anti-inflammatoires, elles sont utilisées dans le traitement de plusieurs formes de lupus et de la polyarthrite rhumatoïde. Enfin, elles possèdent une activité antivirale non spécifique in vitro, qui se révèle faible, voire nulle, dans les tentatives de traitement.
La recherche de substituts à la quinine
L’histoire de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine s’enracine dans la recherche de substituts à la quinine. Dès la fin du xvie siècle, la poudre de l’écorce d’arbres andins du genre Cinchona (quinquina ou encore quina) est utilisée pour le traitement des fièvres intermittentes du paludisme. Entre 1820 et 1840, une trentaine d’alcaloïdes sont isolés de ces écorces. Deux de ces molécules trouvent immédiatement leur place en médecine : la quinine, médicament spécifique du paludisme, et la quinidine, énantiomère de la quinine (son image dans un miroir), historiquement utilisée dans le traitement des arythmies cardiaques. L’usage de la quinine domine la prise en charge du paludisme de 1821, date des premiers essais sur l’homme, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’apparition de résistances à la quinine dès 1910, son efficacité variable selon les souches de Plasmodium(agents pathogènes responsables du paludisme) ainsi que des difficultés d’approvisionnement liées au quasi-monopole des Pays-Bas – le quinquina étant depuis la fin du xixe siècle, surtout cultivé dans les Indes orientales néerlandaises, actuelle Indonésie –, ont poussé, à partir de 1920, les États et la commission du paludisme de la Société des Nations (SDN) à rechercher de nouveaux lieux pour cultiver ces arbres et à trouver des produits de synthèse chimique peu onéreux et faciles à produire en grande quantité. L’industrie chimique allemande s’est particulièrement illustrée dans cette dernière approche, poursuivant ainsi la tradition de chimie thérapeutique initiée par Emil Fischer (1852-1919).
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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Médias