CHOLEM-ALEIKHEM ou SHOLEM ALEICHEM (1859-1916)
Son itinéraire en littérature
À la suite de Mendélé Moher Seforim, son devancier direct, Cholem-Aleikhem contribue à immortaliser le chtettl, cette bourgade juive classique de la « zone de résidence » assignée aux Juifs de l'Empire des tsars. Il lui donne le nom générique de kasrilevké ; il en décrit la vie patriarcale persistante en dépit des multiples sévices et du paupérisme endémique, les fêtes traditionnelles avec leur antique saveur, les hommes perpétuellement en recherche d'un aléatoire gagne-pain, les femmes vertueuses par vocation, les écoliers perdus dans des rêves d'enfants pauvres qui se dissipent brutalement, les animaux domestiques, « judaïsés à souhait », qui partagent le sort de leurs maîtres infortunés... Tout cela est présenté dans le cadre du train-train quotidien avec une richesse d'observation, un humour inné et dans un langage si délectable que le plus irréductible des lecteurs en est séduit.
Cholem-Aleikhem, à cheval sur le xixe et le xxe siècle, transporte ensuite ses héros de la petite ville dans la grande, puis hors d'Europe, et nous fait assister aux mésaventures de ces déracinés en plein désarroi. Nous découvrons alors Ménahem-Mendel, le malchanceux famélique, le schlemihl par excellence, qui se lance, poursuivi par la même guigne, au-devant de tous les mirages et dont l'odyssée se clôt par un constat de faillite complète. À l'opposé de ce chasseur de chimères – promu à la dignité d'un type national –, Cholem-Aleikhem nous présente l'inoubliable Juif rural qui a nom Tévié le laitier, sorte de Job moderne paraphrasant innocemment et à tout propos Psaumes, Prophètes et Talmud. C'est un philosophe au cœur simple, à la parole douce, optimiste dans sa résignation. Père de sept filles, il les voit prises, l'une après l'autre, dans les griffes de ce nouveau siècle auquel le biblique Tévié reste réfractaire.
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Écrit par
- Isaac POUGATCH : écrivain, traducteur
Classification
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