CHOLÉRA
Traitement et prophylaxie
La rapidité de l'évolution du choléra, de la déshydratation et de la déminéralisation, de la menace d'acidose et d'urémie fait que le traitement doit être entrepris d'extrême urgence afin de compenser au plus tôt et très exactement les pertes en eau et en électrolytes des malades. Il s'agit d'une lutte de vitesse fondée sur l'administration par voie orale ou par sonde gastrique de solutions diverses (salées, glucosées, bicarbonatées, etc.) dont la composition et le rythme seront commandés à la fois par l'observation clinique (pouls, tension, etc.) et par la surveillance des constantes biologiques des malades. Elle se fait par voie intraveineuse si la réhydratation orale est impossible. Des sachets de réhydratation orale à diluer dans l’eau stérile sont fournis par l’Unicef et l’OMS. Une dizaine de litres par jour sont nécessaires. L’association de certains antibiotiques (tétracycline, érythromycine, kanamycine, streptomycine, cette dernière étant moins active sur « El Tor ») à la restauration hydroélectrolytique n’est pas toujours indispensable, mais limite la dissémination des vibrions.
La prophylaxie individuelle repose surtout sur les mesures d' hygiène visant à supprimer tout risque d'ingestion de vibrions : stérilisation de l'eau, du lait, traitement antiseptique des crudités, cuisson prolongée des aliments, etc. La prophylaxie générale en zone d'endémie repose sur l'amélioration des conditions de vie, l'éducation sanitaire des populations, l'aménagement de réseaux protégés d'eau potable et de réseaux d'eaux usées, le dépistage des porteurs sains et la vaccination en zone d’épidémie incontrôlée.
Deux vaccins anticholériques oraux ont été retenus par l’OMS et ont remplacé les vaccins antérieurs à peu près inefficaces. Un vaccin monovalent O1, constitué de vibrions cholériques morts associés à la sous-unité B de la toxine cholérique a été mis au point et testé au Bangladesh à la fin des années 1980. Il confère une protection de 90 p. 100 pendant six mois, qui décline ensuite. Utile en seconde intention, il n’est pas recommandé pour des vaccinations de masse. Le vaccin bivalent O1 et 0139 mis au point à la fin des années 2000 au Japon et en Corée, ne contient pas de sous-unité B et est donc plus facile à produire et moins onéreux tout en étant aussi efficace.
Il n’existe pas de vaccin offrant une protection durable au niveau populationnel. Afin de répondre à des situations épidémiques incontrôlées, dont celle du Yémen en 2017 est un exemple, l’OMS a constitué en 2013 un stock de vaccins oraux, sous la tutelle d’une task force, le Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (GTFCC), mais l’objectif majeur reste la mise à disposition d’eau potable à l’ensemble des populations, ce qui vaut d’ailleurs pour toutes les maladies diarrhéiques, qui tuent environ 2 millions d’enfants chaque année, selon l’Unicef.
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Écrit par
- Henri-Hubert MOLLARET : professeur émérite à la faculté de médecine de Paris, chef de service à l'Institut Pasteur
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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