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CHÔMAGE Définition et mesure

Divergence des mesures et mesure des divergences

« Toute estimation d'un niveau de chômage repose sur un certain nombre de conventions quant à la définition a priori retenue du chômage et quant à la façon d'appliquer cette définition, c'est-à-dire pratiquement d'en effectuer la mesure » – ce que nous avons appelé la définition opératoire. En définitive, « il n'existe pas un nombre de chômeurs à un moment donné mais différents indicateurs [...]. L'important n'est pas de trancher entre ces indicateurs, mais plutôt d'adopter une définition et une façon de mesurer les plus stables au cours du temps » (I.N.S.E.E., note interne 425/431, 15 févr. 1984). Pourtant, relevait Olivier Marchand, « même en s'efforçant de garantir la stabilité de la mesure au cours du temps, on n'est pas sûr de pouvoir vraiment comparer les chiffres obtenus, car une convention semblable peut s'avérer plus ou moins adaptée d'une période à l'autre, du fait de l'évolution du marché du travail et des normes sociales ».

Les trois critères (être sans emploi, en chercher un, être disponible pour l'occuper) ne sont pas appliqués de la même façon dans l'E.E. et la nomenclature du fichier A.N.P.E. (sans parler de l'E.A.R.). Comprendre qu'une pluralité de mesures complémentaires vaut mieux qu'une mesure unique, forcément imparfaite, ferait disparaître le scandaleux amalgame, qui peut tenter certains, entre divergence de mesures et existence de « faux chômeurs », donc de fraudeurs.

Comparaison des résultats

Ainsi, lorsqu'on met en regard les différentes estimations du chômage en moyenne annuelle disponibles pour une même période, celles-ci diffèrent nécessairement, puisque les définitions opératoires qui les sous-tendent ne sont pas les mêmes. Soit qu'elles n'ont pas été construites dans le même but (analyse du phénomène pour le « chômage au sens du B.I.T. » et gestion d'un organisme de placement dans le cadre d'une politique de l'emploi pour les D.E.F.M.), soit qu'elles n'exploitent pas le même questionnaire de la même façon (I.N.S.E.E. et Eurostat pour la France), soit qu'elles ne sont pas soumises aux mêmes contraintes techniques – et financières – (enquête auprès d'un échantillon relativement réduit avec intervention directe de l'enquêteur dans le cas de l'E.E., auprès d'un échantillon de grande taille visant à couvrir la totalité de la population au bout de cinq ans, hors présence de l'enquêteur, dans le cas de l'E.A.R.).

La différence de définition opératoire fait que les mesures correspondantes ne regroupent pas les mêmes populations. La définition B.I.T. regroupe des chômeurs « à plein temps » (qui passent au moins 35 heures par semaine à rechercher activement un emploi). Les D.E.F.M. accueillent des personnes qui se situent, dans le halo du chômage, soit entre chômage et activité (c'est le cas de tous les inscrits qui travaillent), soit entre chômage et inactivité (ceux qui recherchent épisodiquement un emploi). Ces divergences de mesure nourrissent régulièrement la controverse, mais rarement ces divergences sont mesurées à l'aune des différences de définitions qu'elles ne font que recouvrir. Alors que l'initiative de ces controverses vient souvent des confédérations syndicales, celle qui a éclaté au 1er trimestre 2007 a pris une tournure inédite, émanant de ceux-là même qui doivent effectuer la mesure, les statisticiens de l'I.N.S.E.E. Tout commence le 16 janvier 2007, lors d'une conférence de presse, lorsque l'I.N.S.E.E. annonce le report de la publication de l'E.E. 2006 à l'automne de 2007, quand seraient diagnostiqués les « problèmes statistiques » concernant les non-répondants à l'enquête emploi et les résultats de l'E.A.R. 2007. Sur fond de campagne[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'E.N.S.E.T., assistant agrégé à l'université de Paris-I

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Chômage en France : trois définitions - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chômage en France : trois définitions

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