CHÔMAGE (NOTION DE)
Les politiques de lutte contre le chômage
Dans la perspective classique évoquée plus haut, la lutte contre le chômage passe principalement par une « flexibilité » accrue : moins de protection pour les salariés en place (qui dissuade les employeurs d'embaucher), un salaire minimum moins élevé, des cotisations sociales moins lourdes, etc. Dans la perspective keynésienne, au contraire, l'accent est mis sur les « politiques de soutien de l'activité » : stimulation de la consommation et de l'investissement, dépense publique, effort de recherche et de formation.
En fait, la plupart des politiques publiques ont abouti soit à subventionner l'emploi en faveur des catégories les plus menacées (emplois aidés, réductions ciblées de cotisations sociales), soit à trouver des arrangements négociés en faveur d'une réduction du temps de travail (par exemple, sous forme d'indemnisation du chômage partiel, pour éviter les licenciements, comme l'a fait massivement l'Allemagne en 2008-2009), soit à libéraliser le marché du travail. En France, les trente-cinq heures, tout en s'inscrivant dans cette dernière orientation, se sont caractérisées par une obligation légale et par une augmentation du salaire horaire, partiellement compensée par des réductions de cotisations sociales, et par la possibilité, pour la plupart des employeurs, de moduler les horaires d'un jour, d'une semaine ou d'un mois à l'autre.
Certaines analyses mettent l'accent sur l'utilité du chômage, résultat de ce que l'économiste d'origine autrichienne Joseph Aloys Schumpeter appelait « la destruction créatrice » : pour que le neuf apparaisse, il faut que le vieux disparaisse. Le problème n'est donc pas d'éliminer le chômage, mais d'en réduire la durée et de redonner à ses victimes une nouvelle chance. D'où la réforme du système d'indemnisation du chômage (sanctions possibles en cas de refus d'occuper des postes proposés), l'accent mis sur l'accompagnement (bilan de compétences...), la réduction des obstacles aux licenciements (rupture conventionnelle du contrat de travail par accord mutuel) et des projets comme le contrat unique de travail (que l'employeur pourrait rompre à sa guise, mais en payant des indemnités et une taxe proportionnées à la durée écoulée depuis l'embauche).
Avec l'arrivée à l'âge de la retraite des enfants du baby-boom, nés entre 1945 et 1970, la donne démographique est en train de changer : les générations qui se présentent sur le marché du travail sont désormais un peu moins nombreuses que celles qui en sortent, alors que, jusqu'à présent, c'était très nettement l'inverse. Ce n'est pas un facteur automatique de réduction du chômage, car rien ne dit que les qualifications des chômeurs seront en phase avec les nouveaux emplois qui se créeront. Cependant, cela réduira la pression que la croissance du nombre de candidats exerçait jusqu'ici sur le marché du travail. Mais le revers de la médaille sera une proportion croissante de retraités dont le poids ne sera supportable que si la proportion de personnes au travail (le « taux d'emploi ») augmente. D'où les incitations à travailler au-delà de soixante ans, qui peuvent paraître curieuses alors même que le chômage demeure important.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Denis CLERC
: conseiller de la rédaction du journal
Alternatives économiques
Classification