CHÔMAGE Politiques de l'emploi
Typologie des mesures et justifications théoriques
D'un point de vue économique, il est possible de proposer une classification des politiques de l'emploi par objet d'intervention. Cette typologie rend mieux compte de la diversité des objectifs et des fonctions des différents dispositifs que les nomenclatures comptables (type O.C.D.E.). Elle conduit à distinguer entre trois types de mesures agissant respectivement sur l'offre et la demande de travail, et sur les conditions de mise en relation de l'offre et de la demande de travail (c'est-à-dire, plus généralement, sur le fonctionnement du marché du travail). Cette typologie peut être mise en relation avec les justifications théoriques des différentes mesures.
Typologie par objet d'intervention
L'approche économique des politiques de l'emploi conduit à une classification par levier d'intervention. Pour intervenir sur le marché du travail, les pouvoirs publics peuvent chercher à influencer les comportements d'offre de travail des ménages, de demande de travail des entreprises, ou encore les conditions générales de fonctionnement du marché du travail (circulation de l'information, mobilité, adéquation de l'offre et de la demande de travail).
Interventions sur l'offre de travail
Préretraites et cessations anticipées d'activité. L'objectif de ces dispositifs est de réduire le chômage des individus les plus âgés en prenant en charge la transition vers la retraite, et de faciliter l'embauche de jeunes. Certains dispositifs, surtout dans les années 1980, subordonnent, en effet, directement, l'entrée en préretraite à l'embauche d'un jeune. Les contraintes de financement de la protection sociale, mais également les objectifs d’augmentation des taux d’emploi à tous âges ont conduit de nombreux pays à supprimer le recours aux préretraites, ou à le limiter à certains cas particuliers (travailleurs exposés à des conditions de travail pénibles ou dangereuses – amiante par exemple).
Formation. D'un point de vue qualitatif, les politiques de l'emploi peuvent poursuivre un objectif d'élévation du niveau de formation des chômeurs et des salariés menacés par le chômage afin d'augmenter leurs chances de retrouver un emploi et/ou leurs perspectives de salaires. Cela se traduit par des stages de formation et des mesures mixtes associant emploi et formation (désignées par le terme générique de formation en alternance, qui comprend notamment l'apprentissage pour les jeunes).
Incitation à la reprise d'emploi. Les politiques publiques de l'emploi comprennent également des mesures visant à influencer les comportements d'offre de travail des chômeurs de manière à les inciter à reprendre un emploi. Les mesures existantes portent soit sur des incitations monétaires (impôts négatifs conditionnés au travail, possibilités de cumul partiel des allocations chômage ou des minima sociaux avec des revenus d'activité, voire mesures de radiation en cas de refus répété d'un emploi, etc.), soit sur des éléments d'accompagnement (aide à la recherche d'emploi, aide à la mobilité, aide à la garde d'enfant, etc.). Il s'agit pour l'essentiel, dans cette catégorie, de mesures d'ordre général, relevant des politiques fiscales et sociales autant que de la politique de l'emploi proprement dite.
Interventions sur la demande de travail
Les dispositifs d'intervention sur la demande de travail sont partagés entre deux objectifs, celui de créer des emplois et celui de corriger les inégalités d'accès à l'emploi et la sélectivité du marché du travail. Au niveau de leur mise en œuvre, cela se traduit par l'alternance ou la coexistence, au sein des dispositifs publics, de dispositifs fortement ciblés et de mesures générales.
Emploi dans le secteur marchand[...]
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Écrit par
- Christine ERHEL : maître de conférences à l'université de Paris-I, chercheur au Centre d'études de lemploi (C.E.E.)
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