CHÔMAGE Politiques de l'emploi
Diversité des pratiques nationales
La diversité des pratiques nationales en matière de politique de l'emploi constitue un résultat classique des travaux comparatifs réalisés par l'O.C.D.E., en particulier sur la base de données financières standardisées. Toutefois, une approche purement statistique de cette diversité est insuffisante ; elle doit être complétée par une analyse qualitative des systèmes institutionnels chargés de la mise en œuvre des mesures.
Les dépenses pour l'emploi
Niveaux de dépenses en pourcentage du P.I.B.
Sur la base de données financières standardisées, on peut globalement opposer les États-Unis et le Japon à l'Europe continentale, les deux premiers pays étant caractérisés par des niveaux très faibles de dépense pour l'emploi (inférieurs à 1 p. 100 du P.I.B. au début des années 2010), alors que les pays du continent européen ont des niveaux de dépense supérieurs à 2 p. 100 du P.I.B. Au sein même des pays de l'Union européenne, l'hétérogénéité demeure forte (cf. tabl. 1).
Il faut toutefois noter que ces données doivent être interprétées avec prudence, puisqu'elles correspondent à une définition restrictive de la dépense pour l'emploi : certaines dépenses publiques, considérées comme des mesures générales, n'y figurent pas (par exemple, les allègements de charges sociales en France, soit plus de 1 p. 100 du P.I.B.).
Structure des dépenses
Les écarts en termes de niveau de dépense se doublent de différences significatives en termes de structure. Le taux d'activité de la dépense varie ainsi de 24 p. 100 en Italie à 61 p. 100 en Suède, et, au sein de celles-ci, les mesures d'aide à l'embauche représentent une part négligeable des dépenses pour l'emploi au Royaume-Uni, contre plus de 10 p. 100 en France et en Italie.
On ne multipliera pas les exemples de cette variabilité structurelle (cf. tabl. 2), qui renvoie à trois modèles d'intervention publique sur le marché du travail. Le modèle nordique (Suède, Danemark, Finlande) se caractérise par un niveau de dépense pour l’emploi supérieur à la moyenne, avec une part importante des politiques actives (notamment formation pour les chômeurs et mesures ciblées sur les handicapés). Le modèle anglo-saxon ou libéral (Royaume-Uni, États-Unis, Canada...) se caractérise au contraire par un effort global relativement faible, se concentrant sur l’indemnisation du chômage (par ailleurs à un niveau faible) et à l’aide à la recherche d’emploi. Enfin, un troisième modèle concerne les pays continentaux européens, tels que la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et l’Italie. Ces pays utilisent une palette assez large d’outils de politique de l’emploi, et notamment des mesures de baisse du coût du travail.
Des institutions nationales différentes
Une seconde approche de cette diversité, moins courante dans les synthèses existantes, peut être fondée sur une analyse d'ordre organisationnel et institutionnel : les sources de financement des politiques de l'emploi présentent en effet des différences, de même que le rôle joué par les différents types d'institutions amenées à intervenir (État, partenaires sociaux, collectivités locales).
Modes de financement
En premier lieu, on peut remarquer que les modes de financement de la dépense pour l'emploi (types de ressources) opposent deux cas polaires, l'Allemagne, d'une part, où les dépenses sont quasi intégralement financées par les cotisations sociales, et le Royaume-Uni, d'autre part, où les ressources proviennent de l'impôt. On retrouve le contraste classique de l'analyse des politiques sociales entre les logiques bévéridgienne (financement des dépenses sociales, à caractère universel, par l'impôt) et bismarckienne (financement des prestations sociales par des cotisations assises sur les salaires, les droits étant[...]
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Écrit par
- Christine ERHEL : maître de conférences à l'université de Paris-I, chercheur au Centre d'études de lemploi (C.E.E.)
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