CHÔMAGE Politiques de l'emploi
Efficacité des politiques de l'emploi
L'évaluation en question
Les dispositifs de politique de l'emploi ont fait l'objet de multiples critiques, notamment en termes d'efficacité économique. La base de ces critiques est en partie d'ordre théorique : ainsi, les politiques passives sont accusées de réduire l'incitation au travail, en référence à la modélisation standard de l'offre de travail. Toutefois, les remises en cause proviennent également des résultats empiriques des évaluations disponibles.
Aspects méthodologiques
L'enjeu central de l'évaluation des politiques de l'emploi est d'identifier et de quantifier l'impact des mesures sur des variables représentant leurs objectifs (emploi, chômage, fonctionnement du marché du travail).
Pour les économistes, l'évaluation peut se faire à deux niveaux : au niveau des bénéficiaires des mesures (études microéconomiques), et au niveau de l'ensemble de l'économie (études macroéconomiques). Pour chacun des niveaux, les hypothèses testées sont mises en relation avec des modèles théoriques couramment utilisés en économie du travail, ou en macroéconomie.
Les évaluations microéconomiques sont les plus nombreuses. Leur objectif est d'isoler l'effet propre (ou effet net) des mesures sur la situation et les trajectoires de leurs bénéficiaires. Cet effet net est estimé sur la base d'une comparaison entre un groupe de participants et un groupe témoin, sur le modèle des sciences expérimentales. Les deux groupes peuvent être constitués sur la base d’une sélection aléatoire des bénéficiaires : cette méthode, dite « expérimentale », a été utilisée à grande échelle aux États-Unis dans les années 1960 et 1970, et s’est récemment répandue dans certains pays européens. En France, par exemple, la réforme constitutionnelle du 8 mars 2003 a ouvert la possibilité d’utiliser l’expérimentation dans le cas des politiques publiques, et plusieurs études ont été conduites suivant cette méthodologie depuis cette date. Une alternative au tirage aléatoire est l’utilisation de techniques économétriques afin de corriger les éventuels biais de sélection existant entre participants et non-participants aux politiques de l’emploi, et de constituer ainsi deux groupes comparables à partir de données de suivi existantes. Depuis les années 1980, les progrès de ces techniques économétriques ont permis une diversification des méthodologies d'évaluation et l'obtention de résultats fiables, sans recours à une procédure expérimentale.
Les évaluations macroéconomiques mesurent l'impact des politiques de l'emploi sur l'emploi, le chômage, les salaires, ou encore sur les flux sur le marché du travail, au niveau global. Elles utilisent des données agrégées, et éventuellement des modèles macroéconométriques existants.
Évaluations des mesures
Les évaluations disponibles pour les principaux pays de l'O.C.D.E. suggèrent les conclusions suivantes :
– Les mesures d'aide à la recherche d'emploi des chômeurs augmentent le taux de retour à l'emploi et sont peu coûteuses.
– Les mesures d'incitation au travail ont un impact faible sur l'offre de travail, qui semble dépendre davantage de facteurs non monétaires, comme les caractéristiques de l'emploi, et de l'existence de structures de garde d'enfants, de transports adaptés. En revanche, ces politiques peuvent avoir des effets de redistribution des revenus en augmentant les revenus après impôt des travailleurs à faibles salaires (les working poors ou « travailleurs pauvres », ainsi qu'on les désigne aux États-Unis et au Royaume-Uni).
– Les mesures de création d'emplois dans le secteur marchand engendrent de nombreux effets de déperdition (effet d'aubaine, lorsque les embauches auraient été réalisées[...]
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Écrit par
- Christine ERHEL : maître de conférences à l'université de Paris-I, chercheur au Centre d'études de lemploi (C.E.E.)
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Médias
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