Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CHÔMAGE Vue d'ensemble

Chômer, c'est ne pas travailler. Mais, alors qu'on s'en réjouit dans le cas d'un « jour chômé », qui désigne habituellement un jour férié, on s'en afflige dans le cas du chômage, puisque cela signifie recherche active, mais infructueuse, d'un emploi. Cette recherche active d'un emploi est, en effet, la condition nécessaire pour être considéré comme chômeur par le Bureau international du travail (B.I.T.). Ce n'est pas la seule : il faut, bien sûr, être sans emploi et n'avoir pas travaillé au cours de la semaine précédente (preuve que l'on est sans emploi), fût-ce une seule heure, ce qui exclut que les détenteurs de « petits boulots » occasionnels puissent être considérés comme chômeurs lorsqu'ils occupent ce genre d'emploi. Cette définition écarte une partie des demandeurs d'emploi qui, bien qu'inscrits à l'Agence pour l'emploi, n'effectuent pas d'actes de recherche (par exemple, les dispensés de recherche d'emploi pour raison d'âge). Mais, acceptée internationalement, elle facilite les comparaisons entre pays. Au sein de l'Union européenne, par exemple, les taux de chômage, à la fin de 2006, s'étageaient de 4,5 p. 100 (Pays-Bas) à 17,2 p. 100 (Pologne), la France, avec 9,2 p. 100, demeurant l'un des pays les plus mal placés de l'ancienne Union à quinze.

Ces chiffres peuvent masquer de grandes différences, selon le sexe (les femmes sont en général plus touchées), l'âge (les travailleurs âgés et les jeunes sans expérience professionnelle sont très exposés), le diplôme et l'origine (les personnes issues de l'immigration). Si bien que, loin d'être une épreuve générale, le chômage touche davantage certains – en général les moins bien armés – que d'autres.

Longtemps, on a opposé le chômage « classique » au chômage « keynésien ». Pour les « classiques » (ceux qui se réclament de l'école de pensée libérale issue d'Adam Smith) et leurs successeurs, le chômage résulterait d'une offre d'emploi bridée pour différentes raisons : taxation excessive, règles freinant ou empêchant la concurrence et la création d'entreprises, et, plus généralement, obstacles au libre fonctionnement du marché, notamment dans le domaine salarial, comme l'existence d'un salaire minimum, de cotisations sociales (souvent qualifiées de « charges ») excessives. Milton Friedman (Prix Nobel d'économie en 1976) a d'ailleurs suggéré qu'il existerait un « taux de chômage naturel », qui serait le prix à payer pour les atteintes au laisser-faire : plus l'écart avec le marché totalement libre est grand, par exemple du fait de l'existence d'un salaire minimum ou de règles empêchant les employeurs de licencier comme ils le voudraient, plus, selon lui, le taux de chômage est élevé.

Tout autre est l'approche keynésienne (du nom de l'économiste britannique John Maynard Keynes, 1883-1946), qui met l'accent sur deux éléments. D'une part, une demande insuffisante, amenant les employeurs à licencier une partie de leur personnel, voire à fermer leurs portes. D'autre part, des « effets de système », liés au fait que, face à l'incertitude, chacun fait comme tout le monde : si la conjoncture est morose, pas question d'investir ou de dépenser, si bien que la déprime économique tend spontanément à s'accentuer. Dans cette perspective, le chômage est involontaire, et les chômeurs sont des victimes du dysfonctionnement social d'une économie de marché que ne guide aucune « main invisible ».

Ces deux approches sont largement antagonistes. Mais, entre les deux, des tentatives de synthèse existent. Ainsi, il arrive qu'on parle d'un « taux de chômage n'accroissant pas l'inflation » (en anglais : [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : conseiller de la rédaction du journal Alternatives économiques

Classification

Autres références

  • CHÔMAGE (NOTION DE)

    • Écrit par
    • 1 696 mots

    Chômer, c'est ne pas travailler. Mais, alors qu'on s'en réjouit dans le cas d'un « jour chômé », qui désigne habituellement un jour férié, on s'en afflige dans le cas du chômage, puisque cela signifie recherche active, mais infructueuse, d'un emploi. Cette recherche active d'un emploi est, en effet,...

  • ABSTENTIONNISME

    • Écrit par
    • 6 313 mots
    • 3 médias
    Les segments de la population les plus prédisposés à l'abstention sont ceux qui cumulent les handicaps sociaux les plus divers. Le chômage, la pauvreté, la précarité, la stagnation du pouvoir d'achat des salariés modestes, la violence physique ou symbolique dans les rapports sociaux, l'absence de...
  • AFGHANISTAN

    • Écrit par , , , , , , et
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...millions d’Afghans au bord de la famine, ce qui a pour effet d’accroître l’exode rural. Même si les statistiques sont peu fiables dans ce domaine, le chômage et le sous-emploi sont extrêmement élevés : 35 % de la population serait au chômage en 2020 ; dans certaines villes moyennes, le taux de chômage...
  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par , , , , , , et
    • 29 784 mots
    • 28 médias
    La tendance économique lourde et les choix politiques ont des conséquences directes sur le fort taux de chômage. Celui-ci avait fortement augmenté de 1994 à 2004. Après un recul pendant quelques années, il a de nouveau explosé avec la crise financière de 2008 et a continué à augmenter pour atteindre...
  • ALBANIE

    • Écrit par , , et
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...dans la modernisation des infrastructures, la coordination des différentes aides jusque-là beaucoup trop dispersées. En 1993, l'État a renoncé à payer 80 % du salaire des ouvriers victimes duchômage technique et décidé de leur verser une indemnité de chômage mensuelle dérisoire de 650 lekë.
  • Afficher les 136 références