CHONDRICHTHYENS
Les chondrichthyens éteints
Les chondrichthyens actuels et cénozoïques présentent des morphologies relativement homogènes au sein de chacun des trois grands groupes que sont les requins, les batomorphes et les chimaeroïdes. Cependant, avant la fin du Crétacé, il a 65 millions d'années, et en particulier du Dévonien au Permien (400-250 millions d'années), ils présentaient une disparité morphologique beaucoup plus grande qu'actuellement. Au sein des élasmobranches, les hybodontiformes, groupe frère des néosélaciens, furent un groupe extrêmement florissant depuis le début du Carbonifère jusqu'à la fin du Crétacé, soit pendant près de 280 millions d'années. Ils ressemblaient à des requins mais s'en distinguaient notamment par de grosses écailles en forme de crochet de chaque côté de la tête, de puissantes épines en avant des nageoires dorsales et des dents massives et surbaissées. Les cténacanthiformes, essentiellement dévoniens et carbonifères, ressemblaient également à des requins, mais leurs nageoires étaient armées d'épines ornementées et leurs écailles présentaient une couronne composée de multiples denticules. Les xénacanthiformes, probablement les plus primitifs des élasmobranches, vivaient du Dévonien inférieur au Jurassique et possédaient un corps allongé, avec une seule nageoire dorsale allongée s'étendant en arrière d'une puissante épine. Outre ces groupes majeurs, on a aussi rapporté aux élasmobranches quelques groupes paléozoïques moins importants, mais qui présentaient une morphologie générale de requin, avec des fentes branchiales séparées. Parmi eux, les cladosélachidés, du Dévonien supérieur, ont longtemps été considérés comme des élasmobranches primitifs, mais des découvertes récentes suggèrent qu'ils sont plutôt apparentés aux stéthacanthides, autres élasmobranches paléozoïques présumés qui, curieusement, partagent aussi certains caractères avec les holocéphales. Parmi les plus anciens chondrichthyens connus, du Dévonien inférieur, Doliodusprésente des épines en avant des nageoires pectorales, comme les acanthodiens et les ostéichthyens les plus anciens (cf. acanthodiens, ostéichthyens), suggérant qu'il s'agit là d'un caractère primitif pour les chondrichthyens.
Les chimaeroïdes, dont les plus anciens sont connus dès le Trias, ne sont que les reliques d'un groupe considérablement plus diversifié entre le Dévonien supérieur et le Permien et représenté par des formes que l'on regroupe avec les chimaeroïdes sous le nom d'holocéphales. Parmi ces holocéphales éteints, certains, comme Echinochimaera, évoquent les chimaeroïdes par leur aspect, tandis que d'autres, comme les chondrenchélyides ou les menaspides, ne partagent avec les chimaeroïdes que quelques caractères, comme la structure tubulaire de leurs dents. En outre, d'autres groupes sont rapprochés des holocéphales (et regroupés avec eux sous le nom d'euchondrocéphales) car ils partagent avec ces derniers quelques caractères anatomiques assez vagues, comme la fusion du palatocarré (élément endosquelettique supérieur des mâchoires) avec le neurocrâne (suspension « holostylique » des mâchoires) ou la quasi-disparition des écailles du corps. Parmi ces derniers groupes, on peut citer les eugénéodontides, aux allures de requins et dont les mandibules étaient armées de grandes spirales dentaires symphysaires, les étranges inioptérygiens, aux allures de rascasses, les hélodontides, et les pétalodontides, trapus et aux dents antérieures en forme de bec de perroquet. Ces lointains précurseurs des chimaeroïdes possédaient des « familles » de dents séparées, comme celles des élasmobranches, mais à remplacement lent (d'où leur nom informel de « bradyodontes »). Chez les chimaeroïdes et beaucoup d'holocéphales, les « familles dentaires » ont fusionné en plaques à croissance continue. Les[...]
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Écrit par
- Philippe JANVIER : directeur de recherche émérite au CNRS
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