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CHORAL

Développement du choral hors de l'Église luthérienne

En France, ainsi qu'on l'a vu, le psaume devient l'analogue du choral, sans en avoir pourtant la valeur liturgique. Contrairement à Luther, en effet, Calvin n'était pas partisan des cérémonies liturgiques, mais des réunions de prières. Le psaume n'a donc pas le développement formel et organistique du choral ; tout au plus est-il harmonisé en vue des réunions pieuses, principalement par Loys Bourgeois (à la fois mélodiste et harmonisateur), Goudimel, Le Jeune, etc. Ce genre particulier cessera d'évoluer après le xvie siècle ; quelques essais faits au xviie siècle pour créer un répertoire de psaumes français catholiques dans le cadre de la Contre-Réforme n'auront qu'un succès relatif (Thomas Godeau).

En Angleterre, le cantique anglican s'inspire également du choral, sans en avoir la vitalité. On trouve de temps à autre des chorals intercalés dans des oratorios ou des Passions, mais ils ne donnent pas lieu au même développement que le choral allemand.

Enfin l'Église catholique traite son plain-chant, principalement le commun de la messe et des hymnes, à peu près de la même manière que le choral allemand. On rappelle que, depuis le xvie siècle, le plain-chant s'exécutait dans un mouvement ralenti avec des longues et des brèves et s'accompagnait d'un accord par note, ne craignant pas d'ailleurs de s'adjoindre des sensibles. Il était donc comme tel beaucoup plus proche du choral que ne l'est le plain-chant solesmien. Les organistes utilisaient les thèmes de plain-chant d'une manière analogue à celle dont les organistes allemands utilisaient le choral. Dans la messe, les vêpres et certaines autres cérémonies, l'orgue alternait avec le chœur à la cadence d'un verset sur deux et exécutait, lui aussi, prélude et intermèdes. D'après les instructions officielles, l'organiste du xviie siècle devait rappeler dans ses improvisations le texte du plain-chant au moins pour le Kyrie et le début du Gloria. Pour le texte du Magnificat et de l'Hymne des vêpres, il faisait souvent de même. C'est du reste la raison pour laquelle les termes de choral et de plain-chant sont si facilement rapprochés l'un de l'autre.

Cette rapide revue serait incomplète si l'on ne mentionnait pas le développement, encore mal étudié mais certainement très important, qu'eut le cantique maçonnique dans les réunions de loges du xviiie siècle. On est en présence de tout un répertoire dont l'analogie avec le choral est certaine. De nombreuses œuvres se sont inspirées, de façon souvent inavouée d'ailleurs, de ce rituel maçonnique.

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Écrit par

  • : ancien directeur de l'Institut de musicologie de l'université de Paris

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Média

Pacific 231 - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Pacific 231

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