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LUDWIG CHRISTA (1928-2021)

Christa Ludwig et Leonard Bernstein - crédits : Marcello Mencarini/ Bridgeman Images

Christa Ludwig et Leonard Bernstein

« Il faut uniquement penser au chant, oublier tout, s’extraire de la réalité, être en même temps le son et le mot, n’être qu’expression. » Ainsi se confiait celle qui fut l’une des plus grandes mezzo-sopranos de son temps.

Christa Ludwig naît à Berlin le 16 mars 1928. Elle grandit à Aix-la-Chapelle où son père Anton Ludwig, ténor, dirige l’opéra local qui accueille sa mère, la mezzo-soprano Eugénie Besalla. Celle-ci sera son premier professeur et restera pour sa fille une conseillère écoutée tout au long de sa carrière. L’adolescente travaille avec Felice Hüni-Mihacsek une voix qui, avec un timbre chaleureux et des aigus faciles, semble hésiter entre les registres de mezzo et de soprano. Et c’est en mezzo qu’elle fait ses premiers pas, en 1946 – elle a 18 ans –, sur la scène de l’Opéra de Francfort dans le rôle du prince Orlovsky (La Chauve-Souris de Johann Strauss). Elle s’y produira jusqu’en 1952. Suivent des engagements à l’Opéra de Darmstadt (1952-1954) puis au Staatsoper de Hanovre (1954-1955).

Parallèlement à son répertoire habituel, constitué essentiellement d’opérettes, Christa Ludwig donne, dès cette époque, de nombreux récitals de lieder. Invitée en 1954 au festival de Salzbourg, elle se montre irrésistible en Chérubin (Les Noces de Figaro de Mozart) sous la direction de Karl Böhm. Ce dernier l’engage sans attendre dans la prestigieuse troupe de l’Opéra de Vienne. 1955 marque le début d’une aventure qui durera plus de 30 ans. Au fil de 769 performances, elle y tiendra 42 rôles différents. Elle y rivalise – à Vienne comme au festival de Salzbourg – avec les plus grands : Elisabeth Schwarzkopf, Dietrich Fischer-Dieskau, Irmgard Seefried ou Walter Berry qui devient son premier mari. Elle s’impose comme l’une des plus parfaites interprètes des héroïnes de sa tessiture nées de la plume de Mozart ou Richard Strauss, incarnant avec intelligence, sobriété de style mais aussi avec une sensualité frémissante qui se dissimule sous un indéfinissable mélange de gravité et de charme viennois Chérubin, Dorabella (Così fan tutte), Octavian (Le Chevalier à la rose), le Compositeur (Ariane à Naxos), Clairon (Capriccio) ou la Teinturière (La Femme sansombre). Ce parcours exceptionnel lui vaudra, en 1962, l’attribution du titre envié de Kammersängerin.

La carrière internationale de Christa Ludwig se développe rapidement à Paris – où elle épousera, après son divorce en 1972, le comédien Paul-Émile Deiber –, Londres, New York – le Metropolitan Opera l’invite à de nombreuses reprises (1959-1990) – et Chicago. Invitée à deux reprises par le festival de Bayreuth (1966 et 1967) – elle y chante Brangäne (Tristan et Isolde) et Kundry (Parsifal) –, elle reste l’interprète incontournable des grandes mezzos wagnériennes : Fricka (La Walkyrie), Vénus (Tannhäuser) ou Ortrud (Lohengrin). La cantatrice se risquera, brièvement mais avec grand succès, dans le répertoire réservé aux sopranos : Iphigénie (Iphigénie enAulide de Gluck), Leonore (Fidelio de Beethoven), Lady Macbeth (dans l’opéra éponyme de Verdi), Ariane (Ariane à Naxos) et la Maréchale (Le Chevalier à la rose). Elle aura la sagesse de se refuser la joie de chanter Brünnhilde, Elektra et, malgré la demande pressante de Leonard Bernstein, Isolde. Elle aborde avec la même aisance aussi bien Monteverdi, Bach, Verdi, Bartók ou Mahler que les partitions contemporaines : L’École des femmes (Rolf Lieberman), De temporum fine comoedia (Orff), Candide (Bernstein) ou La Visite de la vieille dame (Gottfried von Einem) dont elle assure en 1981 la création. Au début des années 1970, elle surmonte une sérieuse crise vocale et s’oriente vers des personnages plus dramatiques chez Verdi : Ulrica (Un ballo in Maschera), Eboli (Don Carlo), ou Carmen dans l’opéra éponyme de Bizet.

Depuis ses débuts, Christa Ludwig a toujours[...]

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Christa Ludwig et Leonard Bernstein - crédits : Marcello Mencarini/ Bridgeman Images

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