BARNARD CHRISTIAAN (1922-2001)
Figure de la chirurgie cardiaque, le Sud-Africain Christiaan Barnard naît en 1922 dans la petite ville de Beaufort West (Cap-Ouest), dans une famille de quatre enfants dont le père est un pasteur protestant.
Après avoir entrepris ses études primaires dans sa ville natale, il poursuit ses études universitaires et médicales au Cap. Reçu docteur en médecine en 1946, il exerce pendant plusieurs années en qualité de médecin généraliste avant de trouver au Cap un poste dans l'hôpital local des maladies infectieuses. Ayant ensuite décidé de devenir chirurgien, il entre comme résident (équivalent au titre français d'interne des hôpitaux) à l'hôpital Groote Schuur, qui est le centre médical de l'université du Cap.
En 1956, l'octroi d'une bourse lui permet de partir pour les États-Unis dans le département de chirurgie du professeur Owen Vangensteen, à Minneapolis, dans l'université du Minnesota. Au cours des deux années qu'il passe dans les différents services du département, il a l'occasion de travailler un an dans l'unité de chirurgie cardiaque de Clarence Walton Lillehei, jeune et brillant chirurgien qui venait d'effectuer avec succès les premières opérations au monde de chirurgie à cœur ouvert. Christiaan Barnard travaille avec acharnement durant ces années-là, et obtient un diplôme de Ph. D. pour un travail sur l'atrésie intestinale congénitale du nourrisson, et un diplôme de maître en sciences pour une recherche sur la mise au point d'une valve artificielle cardiaque.
En 1958, il retourne en Afrique du Sud et, grâce à une subvention américaine, fonde, à l'hôpital Groote Schuur du Cap, un service de chirurgie cardiaque avec l'aide de son frère Marius. Chirurgien moins adroit que grand travailleur et très tenace, il obtient de bons résultats dans la chirurgie des lésions cardiaques congénitales de l'enfant, et dans le traitement des maladies valvulaires du cœur chez l'adulte.
Dix ans plus tard, au printemps de 1967, il est sollicité pour effectuer au Cap des greffes de reins. Il décide alors d'aller se former auprès du spécialiste américain de cette opération, David Hume, à l'hôpital universitaire de Richmond en Virginie, aux États-Unis. Durant les trois mois qu'il passe dans cet hôpital, il a l'occasion de rencontrer Richard Lower, qui sept ans auparavant, avec Norman Shumway, a mis au point à l'université Stanford, en Californie, la greffe du cœur et la greffe cœur-poumon chez le chien, et qui, en Virginie, poursuit sa recherche sur la greffe cardiaque. En cette année 1967, des chiens greffés par lui vivent depuis plus de deux ans.
Néanmoins ni Shumway, ni Lower n'avaient encore entrepris cette intervention chez l'homme, en raison peut-être de la nécessité de prélever un cœur battant, après une mort très particulière, celle qui résulte d'une destruction du cerveau permettant aux organes de fonctionner encore pendant quelques heures. Enthousiasmé par cette méthode, dont il entrevoit les grandes possibilités dans le traitement des maladies cardiaques irréductibles par toutes autres formes de traitement, Christiaan Barnard rentre au Cap et met tout en œuvre pour effectuer cette première greffe d'un cœur humain chez l'homme ; ce qu'il réussit le 3 décembre 1967, au profit du premier greffé cardiaque, Louis Washkansky. Cette première greffe eut un retentissement considérable. Tout d'abord dans l'opinion publique, stupéfaite, enthousiasmée et totalement acquise à ce prélèvement d'organe particulier. Dans ce sens Barnard a brisé un tabou, il a osé, il a réussi, et c'est son principal mérite. Dans le milieu médical, on lui a reproché de ne pas avoir cité les travaux de ceux qui avaient réellement mis au point la technique de la greffe, et de s'être attribué tout le mérite. D'autant plus que, à partir de ce moment, il entreprit une véritable tournée mondiale (et[...]
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Écrit par
- Christian CABROL : professeur honoraire de médecine
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CABROL CHRISTIAN (1925-2017)
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Christian Cabrol, né le 16 septembre 1925 à Chézy-sur-Marne (Aisne), décédé le 16 juin 2017 à Paris, est connu d’un large public pour être le premier en France à avoir tenté et réussi une greffe du cœur, le 27 avril 1968, sur un malade de soixante-six ans.
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