HUYGENS CHRISTIAAN (1629-1695)
Huygens académicien
C'est en grand seigneur de la science que Huygens fut accueilli à Paris le 21 avril 1666. Doté de la pension la plus élevée à l'Académie royale des sciences, nouvellement fondée, il était le seul à être logé à la Bibliothèque du roi, avec un appartement comportant un laboratoire particulier. La France n'eut pas à regretter ces libéralités exceptionnelles. L'Académie lui dut la contribution la plus efficace à l'orientation et à l'organisation méthodique de ses travaux, et c'est à Paris que Huygens élabora ses œuvres les plus marquantes.
De sa collaboration avec Adrien Auzout naît d'abord le perfectionnement des instruments d'observation et l'invention des dispositifs micrométriques nécessaires à l'astronomie de précision.
Le Traité des horloges paraît en 1673 sous la devise Experientia ac ratio et, en contact avec les techniciens, Huygens ne cesse de perfectionner les mécanismes d'échappement transférant aux ressorts spiraux les propriétés d'isochronisme du pendule cycloïdal.
Il publie les règles du choc élastique et, prenant une place éminente dans les discussions sur la cause de la pesanteur, il donne corps à la fiction cartésienne des tourbillons par la réalité de la force centrifuge. Il fait construire de nouvelles machines pneumatiques et multiplie avec Denis Papin les expériences sous le vide. Il informe ses collègues français des travaux effectués en Angleterre, de James Gregory sur les quadratures circulaires et hyperboliques, de Newton sur les couleurs.
La théorie de la lumière le retient cependant d'une autre manière que Newton, parce qu'il est le premier à expérimenter la double réfraction du spath d'Islande et que ce phénomène lui interdit de se confier à l'indice de réfraction avant d'avoir élucidé ce dont cet indice est le signe. Il découvre, en 1677, le principe des ondes enveloppes fondé sur la vitesse de propagation, tandis qu'éloigné de Paris par la maladie il apprend avec un grand retard les observations de Ole Römer sur les satellites de Jupiter, et ne peut que constater l'accord des données numériques qu'il possédait déjà avec celles du savant danois concernant la durée du trajet de la lumière. Son originalité pour l'explication de la réfraction ne lui sera pas néanmoins ôtée. Il perfectionne son microscope et le mode d'éclairage nécessaire à l'observation des coupes et des solutions biologiques. Il lance les naturalistes dans les recherches que l'instrument nouveau permet.
Il réunit ce qui est nécessaire pour un traité du magnétisme. Tant de travail n'allait pas sans nuire à sa santé, et à trois reprises la maladie l'oblige à regagner La Haye, où il se trouve au moment du changement de la politique française. La révocation de l'édit de Nantes, en 1685, met fin à ses possibilités de poursuivre son œuvre à Paris.
Il ne revint jamais en France.
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Écrit par
- Pierre COSTABEL : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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