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FOUCHET CHRISTIAN (1911-1974)

Né le 17 novembre 1911 à Saint-Germain-en-Laye d'une famille d'officiers, Christian Fouchet, licencié en droit, diplômé de l'École des sciences politiques, termine son stage d'élève officier observateur à l'aérodrome de Mérignac, près de Bordeaux, lorsque, le 17 juin 1940, il entend le discours du maréchal Pétain sollicitant l'armistice. Deux heures après cet appel, il s'envole pour Londres. Et, le 19, il rencontre le général de Gaulle, qui lui dit : « Croyez-moi, Fouchet, c'est nous qui jouons la bonne carte, la carte de la France. » Christian Fouchet commence alors sa mission auprès du gaullisme. Elle va durer plus de trente ans.

Secrétaire d'ambassade à Moscou en 1944 puis délégué provisoire de la République à Lublin et à Varsovie, il est, de 1945 à 1947, consul général de France à Calcutta. Mais il revient rapidement en France afin de servir de nouveau le général de Gaulle. Il entame alors une carrière directement politique : délégué pour la région parisienne du Rassemblement du peuple français (R.P.F.), Christian Fouchet est élu, en 1951, député de Paris et entre, trois ans plus tard, le 10 juin 1954, dans le gouvernement Mendès France comme ministre des Affaires marocaines et tunisiennes. Deux ans après, battu aux élections législatives, il s'éloigne de la politique.

1958 le ramène « aux affaires ». Nommé ambassadeur au Danemark, il est chargé par le général de Gaulle d'une mission importante et difficile, celle d'élaborer des propositions sur la création d'une union politique de l'Europe. Rejeté par les partenaires de la France, le « plan Fouchet » sera un échec. Une autre mission tout aussi délicate lui est confiée en mars 1962 : haut-commissaire de la République en Algérie, il organise, après les accords d'Évian et alors que l'action de l'O.A.S. est à son comble, le référendum sur l'autodétermination. Cette tâche achevée, il entre au gouvernement : d'abord comme ministre de l'Information puis, en décembre, en tant que responsable de l'Éducation nationale. Pendant quatre ans et quatre mois, il va occuper cette fonction et va beaucoup réformer : il supprime la première partie du baccalauréat, établit la distinction entre licence et maîtrise, prépare la création des instituts universitaires de technologie... Devenu en 1967 ministre de l'Intérieur, il est à ce poste clé lorsque survient Mai-68. Partisan de la fermeté, il fait connaître ses regrets de l'attitude modérée de Georges Pompidou, alors Premier ministre. Il est écarté du gouvernement, peut-être pour cette raison, lors du remaniement qui suit les événements. Après l'élection, en 1969, de Georges Pompidou à la présidence de la République, le simple député de Meurthe-et-Moselle qu'il est devenu prend de plus en plus ses distances avec l'U.D.R., multiplie remarques et critiques et s'écrie, en juin 1970 : «  Il est grand temps de se rappeler que le gaullisme, depuis ses origines, est l'ennemi du conservatisme. » La rupture est proche et, de fait, en février 1971, il quitte l'U.D.R.

C'est alors l'existence d'un gaulliste marginal : député non inscrit, il est le fondateur du Mouvement pour l'avenir du peuple français, formation œuvrant pour un gaullisme « pur et dur ». Une dernière fois, en avril 1974, Christian Fouchet retrouve les feux de l'actualité : il fait acte de candidature à l'élection présidentielle mais se retire rapidement en faveur de Jacques Chaban-Delmas. Quelques mois plus tard, en août, il meurt à Genève victime d'une crise cardiaque.

— Michel SCHIFRES

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Écrit par

  • : ancien chef du service politique au journal Le Quotidien de Paris

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  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période gaullienne (1958-1969)

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    ...Bruxelles. Pour lui, l'Europe doit être une confédération des États, organisée autour des relations étroites entre dirigeants. Il proposait ainsi avec le plan Fouchet ce qui aurait pu constituer un début d'Europe politique. Ses prises de position antifédéralistes, clairement énoncées dans une conférence de presse...