Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KNORR VON ROSENROTH CHRISTIAN (1636-1689)

Théosophe et kabbaliste protestant. Fils d'un pasteur silésien, Knorr von Rosenroth courut l'Europe pendant plusieurs années et, au cours de ses voyages, entra en contact avec des cercles d'érudits s'intéressant au mysticisme. Pendant sa période de formation, il fut profondément influencé par les écrits de Jacob Boehme. À son retour, il s'établit à Sulzbach, en Bavière septentrionale, et, de 1668 à sa mort, il fut le proche conseiller et collaborateur du prince Christian August, qui partageait ses penchants mystiques. Pendant son séjour en Hollande, il s'intéressa de près à la kabbale et eut des rabbins pour maîtres, dont Meir Stern à Amsterdam. Knorr était en relation étroite avec le philosophe Henry More de Cambridge et avec le mystique brabançon Franciscus Mercurius van Helmont, qui tous deux s'intéressaient comme lui à la kabbale en tant que système théosophique ayant une grande portée aussi bien pour la philosophie que pour la théologie. De son vivant, Knorr eut la réputation d'être le plus grand érudit chrétien de la kabbale.

Son œuvre principale Kabbala denudata, seu Doctrina Hebraeorum transcendentalis et metaphysica atque theologica (Sulzbach, 1677-1684, 2 vol.) présentait pour la première fois une traduction latine des sources kabbalistiques accompagnée de notes explicatives. Son livre, qui fut la source principale de la littérature non juive sur la kabbale jusqu'à la fin du xixe siècle, se présente, après un lexique introductif des termes symboliques de la kabbale, comme une anthologie d'œuvres de Luria, de Cordovero, d'Abraham Kohen de Herrera, de Hayyim Vital et d'autres maîtres de la kabbale, ainsi que de larges extraits du Zohar. Leibniz, impressionné par l'œuvre de Knorr, lui rendit visite en 1687 pour s'entretenir avec lui de sujets kabbalistiques. Au soir de son existence, Knorr voulut écrire un livre sur l'enfance de Jésus, fondé sur les sources rabbiniques et kabbalistiques. Il en envoya le manuscrit à son ami Van Helmont, qui promit de le faire publier à Amsterdam. Le projet cependant ne vit jamais le jour, et cette œuvre importante, Messias Puer, fut perdue. Knorr s'occupa aussi d'établir une imprimerie hébraïque à Sulzbach et joua un rôle dans l'édition du Zohar, qui parut en 1684.

L'œuvre de Knorr, dans une grande mesure, détermina l'image de la kabbale aux yeux des historiens de la philosophie jusqu'au début du xxe siècle ; et, bien que le livre contienne beaucoup d'erreurs de traduction, surtout dans les passages difficiles du Zohar, il donne dans l'ensemble au lecteur non hébraïsant une représentation fidèle et juste de la kabbale.

— Michel GAREL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures de grec, licencié en langue et littérature hébraïques, collaborateur à l'Institut de recherche et d'histoire des textes, C.N.R.S.

Classification

Autres références

  • KABBALE

    • Écrit par et
    • 7 223 mots
    ...cabalistice anagogiceque explicata en 1564 et Robert Fludd (1574-1637) sa Philosophia mosayca en 1638, Henry More (1614-1687) a été en relation avec Christian Knorr von Rosenroth (1636-1689), l'auteur de la Kabbala denudata seu doctrina Hebraeorum transcendantalis (1677-1684), par l'intermédiaire...