ZANÉSI CHRISTIAN (1952- )
Né en 1952 à Lourdes, Christian Zanési étudie la musique à l'université de Pau avant d'entrer au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il y travaille avec Pierre Schaeffer et Guy Reibel puis rejoint en 1977 le Groupe de recherches musicales (G.R.M.), où il pratique les métiers du son et devient très vite réalisateur et producteur de radio. Il est notamment responsable des émissions de musique acousmatique « Prières d'écouter » et « Multipistes » diffusées sur Radio France.
Compositeur acousmatique, c'est essentiellement dans les pièces libres que Christian Zanési va le plus loin dans l'expérimentation des nouvelles possibilités que lui offre l'électroacoustique. Comme il le déclare dans une interview, sa démarche personnelle « va du silence à la musique. L'air, grâce aux enceintes, est mis en vibration musicale qui engloutit pacifiquement l'auditeur, ce phénomène agissant sur sa conscience ». La perception des vibrations a donc ici pour but d'éviter que l'auditeur ne se coupe du monde réel. Dotée d'une finalité nouvelle, l'œuvre élargit la conscience de celui qui l'écoute en lui présentant une vision sans cesse renouvelée du monde réel.
C'est en 1994 que Christian Zanési a l'idée de rendre hommage à ses deux grands maîtres. Arkheion, les mots de Stockhausen (1995) a pour origine une interview, un document d'archives (arkheion, en grec) trouvé à l'Institut national de l'audiovisuel ; on y entend la voix de Karlheinz Stockhausen, qui illustre la matière musicale, et la voix d'une jeune femme. Dans Arkheion, les voix de Pierre Schaeffer (1997), plusieurs documents d'archives sont utilisés et on entend tantôt une voix jeune, tantôt une voix âgée, parfois grave, parfois légère et souriante, le tout souvent superposé pour révéler les différentes facettes d'une personne unique.
La majeure partie des pièces de Christian Zanési ont des formes volontairement simples dans la mesure où les matériaux sont complexes. De sa première composition, Éclisses (1978) à Ambiance Matisse (2010) en passant par Grand Bruit (1990), Arkheion, les mots de Stockhausen et Arkheion, les voix de Pierre Schaeffer, mais aussi Jardins publics (1997), Constructions métalliques (2001) ou Sémaphores (2008), Christian Zanési n'a jamais changé sa manière de composer. En dehors de l'évolution technologique qui lui a offert de nouvelles possibilités au fil du temps, il a toujours adopté la même démarche : un travail abstrait sur les sons, qu'il coordonne de manière organique. Ces sons ou ces bruits sont reliés entre eux par une logique interne. Ce sont les similitudes qu'ils présentent les uns par rapport aux autres qui créent l'enchaînement et génèrent la forme. Le travail sur l'espace stéréophonique pour rendre les sons plus ou moins opaques ou transparents représente pour le compositeur ce que l'orchestration est pour d'autres : une manière particulière d'agencer les timbres, de les mettre en valeur.
Parallèlement, Christian Zanési compose avec support : il écrit pour la danse, le cinéma, la sculpture et le théâtre. René Laloux fait appel à lui pour composer la musique de ses longs-métrages Les Maîtres du temps (1982) et Gandahar-Les Années lumières (1988). Le sculpteur Bauduin lui demande d'écrire des musiques pour accompagner des vidéos qui présentent son travail (1988-1994). Le metteur en scène François Joxe l'appelle également pour plusieurs spectacles : Rev-évolution (1989), Les Mille et Une Nuits (1994), Les Chevaliers de la table ronde (1996). Si Christian Zanési compose fréquemment pour les autres disciplines artistiques, c'est parce que son esprit curieux aime se confronter à d'autres formes d'expression que la sienne. Dans ce travail, ce n'est plus l'œuvre seule[...]
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Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
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