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DESROCHES-NOBLECOURT CHRISTIANE (1913-2011)

L'égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt, née le 17 novembre 1913 à Paris et décédée le 23 juin 2011 à Épernay (Marne), aura beaucoup fait pour défendre le patrimoine de l'Égypte antique. Outre la part prépondérante qu'elle prit dans la préservation de nombreux temples en Nubie, elle organisa des expositions qui firent date et publia une trentaine d'ouvrages sur son domaine de prédilection.

Christiane Desroches-Noblecourt et André Malraux - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Christiane Desroches-Noblecourt et André Malraux

Christiane Desroches (épouse Noblecourt) suit les cours d'égyptologie dispensés à l'École du Louvre par Étienne Drioton et soutient sa thèse d'archéologie en 1935. Elle prépare également à l'École pratique des hautes études une thèse de philologie soutenue en 1937. Dès cette époque, elle est chargée de mission au musée du Louvre. En 1938, première femme nommée pensionnaire à l'Institut français d'archéologie orientale du Caire, elle s'installe alors en Égypte jusqu'à la fin mai 1940 et participe à des chantiers de fouilles, notamment en Haute-Égypte (Deir el-Medineh et Tell Edfou). Durant la Seconde Guerre mondiale, elle entre dans la Résistance et met à l'abri les collections égyptiennes du Louvre dans le sud-ouest de la France. Nommée assistante en 1942, elle est promue quelques années plus tard au grade de conservateur. En 1954, l'UNESCO lui confie une mission auprès du gouvernement égyptien pour fonder le Centre d'étude et de documentation sur l'ancienne Égypte (CEDAE). Au cours des années 1960, son action sera déterminante dans la campagne internationale de sauvegarde des monuments de la Nubie, notamment pour les deux temples d'Abou Simbel (Ramsès II et Nefertari) et celui d'Amada (Thoutmosis III, Amenhotep II et Thoutmosis IV), qui étaient menacés de submersion par la construction du barrage d'Assouan et qui furent démontés puis reconstitués ou déplacés sur rails. Assumant la fonction de conservateur en chef à partir de 1957, elle dispense, dès 1960, un enseignement à l'École du Louvre. En 1966, elle associe les travaux scientifiques du CEDAE à ceux du CNRS. Cette structure effectuera en Nubie et à Thèbes des recherches sur les temples de culte royal, les tombes des pharaons et le mobilier aulique et civil. Elle organise au Petit Palais à Paris l'exposition Toutankhamon et son temps (1967), et contribue à la fondation du centre franco-égyptien pour l'étude des temples de Karnak. Parallèlement à sa magistrale exposition sur Ramsès le Grand au Grand Palais à Paris (1976), elle prépare avec le musée de l'Homme la venue en France de la momie de Ramsès II, dont l'état précaire nécessite un urgent traitement par des laboratoires spécialisés. De 1980 à 1985, elle dirige pour le Louvre les travaux de recherche à Tôd-Salamia (temple dédié au dieu Montou, près de Louxor). Après avoir pris sa retraite fin 1983, elle poursuivra une intense activité de chantier jusqu'en 1992. Dès 1984, elle met en place, grâce à l'aide d'un mécénat privé, l'opération de rénovation de la Vallée des Reines, dont elle assumera la co-responsabilité avec Christian Leblanc, son successeur, à la tête de l'équipe du CNRS. Christiane Desroches-Noblecourt a été membre correspondant de plusieurs instituts archéologiques étrangers et récipiendaire de nombreuses récompenses et décorations.

L'œuvre de Christiane Desroches-Noblecourt a commencé par des enquêtes relatives à la vie quotidienne et à certaines coutumes égyptiennes qui puisent leurs origines dans la nuit des temps. Par la suite, ses études sur la période amarnienne et postamarnienne ont particulièrement contribué à soulever le voile qui masquait la personne et le règne de Toutankhamon (L'Extraordinaire Aventure amarnienne, 1960 ; Toutankhamon. Vie et mort d'un pharaon, 1963) ; elles ont également mis en évidence la portée du[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, conseiller scientifique permanent auprès du Conseil suprême des antiquités

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Média

Christiane Desroches-Noblecourt et André Malraux - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Christiane Desroches-Noblecourt et André Malraux