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CHRISTIE'S & SOTHEBY'S

Depuis 1987, l'arrivée imminente sur le marché français des ventes aux enchères des grandes maisons anglo-saxonnes – au premier rang desquelles Christie's et Sotheby's – a été annoncée régulièrement. Leur présence doit mettre un terme au quasi-monopole dont jouissent en France les commissaires-priseurs.

Sotheby's : des ventes de livres à une activité diversifiée

Des deux maisons, Sotheby's est la plus ancienne et elle fut longtemps spécialisée dans les ventes aux enchères de livres. En effet, le fondateur de la maison, Samuel Baker, s'installa à Londres en 1733 comme libraire. Profitant de l'engouement de l'époque pour les livres (certaines collections ne comptaient pas moins de 200 000 ouvrages), Baker organisa rapidement des ventes aux enchères de bibliothèques à la mort de leurs propriétaires. En 1744, il organisa ainsi une première vacation sous son propre nom. Celle-ci fut la première d'une longue série de ventes de plus en plus prestigieuses, dont celles de très nombreux aristocrates britanniques. Lorsque Napoléon Bonaparte décéda, ce fut également Sotheby's qui dispersa les livres emportés par l'empereur déchu lors de son exil à Sainte-Hélène.

En 1767, Baker s'associa à George Leigh, qui contribua au développement de la maison par son talent dramatique et un sens très aigu de la théâtralité des enchères. À la mort de Baker, en 1778, l'affaire fut confiée à Leigh et au neveu de Baker, John Sotheby ; la famille de ce dernier dirigea alors la maison pendant plus de quatre-vingts ans. À cette époque, la compagnie diversifia ses activités en organisant notamment des ventes de numismatique.

En 1842, John Wilkinson entra dans l'association et, quand le dernier membre de la famille Sotheby décéda, en 1861, il prit la tête de l'entreprise. En 1864, il promut un de ses employés les plus expérimentés, Edward Grose Hodge, et la maison s'appela jusqu'en 1924 Sotheby, Wilkinson and Hodge. En 1917, la société s'installa à New Bond Street, rue de Londres qu'elle n'a plus quittée. S'ouvrit alors une nouvelle ère durant laquelle les ventes aux enchères de peintures et d'œuvres d'art occupèrent une place toujours croissante.

Les années 1920 marquèrent en effet la fin d'un certain mode de vie de l'aristocratie britannique, beaucoup de nobles se séparant de leurs maisons de campagne et de leurs fabuleuses collections d'œuvres d'art. Sotheby's multiplia alors les ventes de château sur place.

Les années 1950 connurent le triomphe de Peter Wilson, entré dans l'entreprise au cours des années 1930, et qui devait en devenir le principal dirigeant. Les ventes des collections Weinberg – peinture impressionniste et postimpressionniste – en 1957 et Goldschmidt en 1958 battirent des records.

En 1955, Sotheby's ouvrit un bureau à New York, accédant ainsi directement au marché américain. Le premier, Peter Wilson comprit en effet que le marché de l'art s'internationalisait toujours davantage. En 1964, Sotheby's racheta même la première maison américaine de ventes aux enchères, le new-yorkais Parke-Bernet. En raison du succès rencontré par son implantation américaine, Sotheby's installa alors des bureaux dans de nombreux pays à la fin des années 1960, dont Paris et Monaco.

En 1977, l'affaire fit son entrée en Bourse, dernier succès remporté par Peter Wilson avant son départ à la retraite en 1980. En 1983, le magnat américain de l'immobilier Alfred Taubman prit le contrôle de Sotheby's : la vénérable institution britannique passait ainsi sous contrôle américain. Dans les années qui suivirent, les résultats de la société connurent une très forte progression. Durant les années 1987-1990, marquées par l'envolée du marché de l'art, les records se multiplièrent et les résultats de la firme[...]

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Écrit par

  • : professeur de sociologie de l'art à l'université de Marne-la-Vallée, ancien élève de l'École normale supérieure de Cachan et de l'Institut d'études politiques de Paris, professeur agrégé de sciences sociales, membre de l'Institut universitaire de France

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