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CHRISTINE DE PIZAN (1365-1431)

Fille d'un astrologue italien venu se mettre au service de Charles V, mariée à un secrétaire du roi, veuve dix années plus tard (à vingt-cinq ans), Christine doit lutter pour vivre et faire vivre sa famille. Elle est heureusement protégée par quelques grands princes comme Jean de Berry, le duc de Bourgogne et Louis d'Orléans. Elle compose des poèmes de cour dans tous les genres à la mode, mais entreprend, après bien des lectures, la rédaction d'œuvres savantes. Parmi ses poèmes lyriques, on a surtout retenu ceux qu'inspirent ses malheurs personnels. Les autres sont aussi intéressants pour la recherche des combinaisons de rythmes et de rimes, pour leurs thèmes courtois, pour leurs thèses morales : belle leçon dont les chevaliers de l'époque n'ont guère su tirer parti. Parmi les œuvres plus savantes, où la sagesse s'alourdit d'une docte érudition, citons le Livre de mutation de fortune, l'Épître d'Othéa, le Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles V, le Livre de la Cité des Dames, le Livre des trois vertus, ou Trésor de la Cité des Dames, l'Avision, le Livre du corps de policie. L'allégorie s'y mêle à de nombreux exemples tirés notamment de l'histoire antique (surtout de Valère Maxime). Cette savante femme a aussi des idées politiques : elle pressent les dangers que fait courir au royaume la rivalité entre les princes. Sa plus grande originalité est d'avoir fait de sa condition féminine une cause à défendre. C'est au nom des femmes qu'elle adresse ses remontrances aux chevaliers de la cour, qu'elle fait appel à la reine Isabeau, qu'elle condamne, comme Gerson, le Roman de la Rose, s'opposant ainsi à d'autres « humanistes ». Le même orgueil féminin et la même pitié l'arracheront à la retraite où elle s'est réfugiée après la prise de Paris par les Bourguignons, en 1418, pour célébrer Jeanne d'Arc.

— Daniel POIRION

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-Sorbonne

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