BOTEV CHRISTO (1848-1876)
Écrivain révolutionnaire et voïvode bulgare, Christo Botev est né à Kalofer et mort à Yolkovitsa (près de Vratsa, dans les montagnes du nord-ouest de la Bulgarie) en combattant contre les Turcs à la tête d'une troupe de volontaires bulgares venus de Roumanie. Les années 1863-1866 qu'il passa à Odessa lui permirent de s'initier à la littérature révolutionnaire de l'époque. Après un bref séjour en Bessarabie, puis dans sa ville natale, il gagna la Roumanie, grand centre d'émigrés bulgares, où il arriva en octobre 1867 et où il demeura jusqu'à la veille de sa mort, réduit parfois à une extrême misère, emprisonné même en 1872 à cause de ses relations compromettantes avec des révolutionnaires russes et roumains, représentant au sein du Comité central révolutionnaire bulgare de Bucarest les tendances les plus avancées de l'émigration bulgare, qui à partir de 1875 l'emportèrent sur les tendances plus modérées de Lioubène Karavélov. C'est dans le dur climat de ces quelque neuf années vécues en Roumanie que Botev publia à peu près toute son œuvre de journaliste et de poète.
Le révolutionnaire
Comme Rakovski et Karavélov, Botev est un écrivain révolutionnaire de la renaissance bulgare. À la vieille idée d'une émancipation par la culture, qui fut celle des pionniers de cette renaissance, ces écrivains substituent le programme hardi d'une émancipation par la lutte armée, réclamant pour le peuple bulgare la libération politique, dont la première condition était de secouer le joug presque cinq fois séculaire des Turcs. Toutefois Botev est moins systématiquement turcophobe que Karavélov et moins hostile au peuple turc qu'il ne l'est au régime de contrainte que les Turcs avaient institué et à l'ordre social périmé sur lequel ce régime reposait. Comme Karavélov, Botev est violemment anticlérical, et, plus nettement encore que lui, antireligieux. L'idéologie politique et sociale de Botev est surtout inspirée des révolutionnaires russes Dobrolioubov, Tchernychevski, Herzen, et de Proudhon. Le Credo de Botev, rédigé en 1871, est très proche de l'idéal de la Commune de Paris, à laquelle Botev adressa de Roumanie un télégramme de sympathie et dont la tragique destinée inspira l'un de ses plus beaux articles de presse, publié sous le titre « Pleurs ridicules ». Dans cet article, Botev stigmatise ceux qui se lamentent sur la destruction des palais et qui taxent de brigands ceux qui sont morts en criant : « La liberté ou la mort ! » Encore que, sur le plan politique et social, sa pensée ne soit pas toujours exempte de contradictions et de naïvetés, l'un des grands mérites de Botev est d'avoir eu conscience du lien qui unissait le problème bulgare au mouvement révolutionnaire de l'Europe tout entière. De nos jours encore, on lit avec intérêt les articles, souvent très virulents, que Botev publia dans les journaux bulgares de Roumanie, surtout dans Douma na bǎlgarskité emigranti (La Voix des émigrés bulgares), Znamé (L'Étendard), Boudilnik (Le Réveil).
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Écrit par
- Roger BERNARD : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à l'Institut national des langues et civilisations orientales, docteur ès lettres
Classification
Autres références
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BULGARIE
- Écrit par Roger BERNARD , André BLANC , Christophe CHICLET , Nadia CHRISTOPHOROV , Encyclopædia Universalis , Jack FEUILLET , Vladimir KOSTOV , Edith LHOMEL et Robert PHILIPPOT
- 26 995 mots
- 12 médias
...révolutionnaire bulgare dans le domaine des lettres, intimement uni à celui de la politique : Ghéorghi Rakovski (1821-1867), Liouben Karavélov (1835 ?-1879), Christo Botev (1848-1876). Ces écrivains, doublés de chefs révolutionnaires, passèrent les années les plus fécondes de leur carrière en Roumanie, pays...