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CHRISTODOULOS Ier (1939-2008)

Christos Paraskevaïdis est né le 21 octobre 1939 à Xanthi, dans la Thrace occidentale grecque, d'une famille de Grecs pontiques chassée par les Turcs après la Première Guerre mondiale. Il prononce ses vœux sacerdotaux en 1961, puis, en 1965, il est ordonné prêtre. Deux ans plus tard, il est docteur en théologie de la faculté de droit et de théologie d'Athènes. Durant la dictature des colonels (1967-1974), il entretient, comme la majorité des prélats de l'Église orthodoxe grecque, d'excellentes relations avec les militaires. Le 14 juillet 1974, une semaine avant la chute de la junte, il est sacré métropolite (évêque) du diocèse de Dimitrias, en Thessalie, qui a son siège à Volos. Il restera à ce poste jusqu'en 1988. Par ailleurs, de 1979 à 1985, il est secrétaire du saint-synode de l'Église orthodoxe grecque. Ce poste, stratégique pour les nominations au sein de la hiérarchie ecclésiastique, lui permet de lier de fidèles amitiés. De 1985 à 1998, il est en charge des relations œcuméniques de l'Église de Grèce, entretenant de bonnes relations avec le Vatican, qui lui seront également utiles par la suite. À la mort du primat de Grèce Séraphinos Ier, il est élu le 28 avril 1998 archevêque d'Athènes, devenant ainsi primat de l'Église autocéphale de Grèce.

Nationaliste et traditionaliste intransigeant, Christodoulos attaque de front en 2000 le gouvernement socialiste de Costas Simitis qui entendait supprimer la mention de la religion sur les cartes d'identité grecques, sur demande répétée tant du Parlement européen que de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance du Conseil de l'Europe. Pour l'Église grecque, la nation grecque se confond avec l'orthodoxie, selon une conception qui fait automatiquement des Grecs athées, catholiques, juifs, ou musulmans (Turcs et Pomaks de Thrace notamment) des citoyens de seconde zone. S'il échoue finalement à mobiliser l'opinion contre la réforme, son activisme a convaincu toutefois socialistes et libéraux alternant au pouvoir de ne rien modifier à la Constitution de 1975, qui reconnaît toujours une place éminente à l'Église orthodoxe. En 2001, fort de ses anciennes relations vaticanes, il fait venir le pape Jean-Paul II à Athènes, première visite d'un pontife romain en Grèce. Le 14 décembre 2006, c'est au tour de Christodoulos d'être invité à Rome par le pape Benoît XVI.

Au printemps de 2004, il se brouille avec Bartholoméos Ier, patriarche œcuménique de tous les orthodoxes, basé au Phanar à Istanbul. Ce dernier est en effet aussi le chef de file des libéraux au sein de l'orthodoxie, qui privilégie les bonnes relations avec le monde musulman. En faisant désigner par le seul synode de l'Église grecque les évêques d'Épire, de Macédoine et de Thrace, anciens territoires ottomans conquis en 1912, Christodoulos remettait en cause l'accord de 1928, par lequel le patriarcat d'Istanbul avait cédé à Athènes l'administration de ces diocèses mais conservait un droit de regard sur la nomination de leurs évêques. Ce coup de force avait conduit à une rupture des relations entre Athènes et le Phanar, d'avril à juin 2004, suivi d'un retour au statu quo antérieur appuyé par le gouvernement grec.

En février-mars 2005, il doit faire face à un scandale qui secoue l'ensemble de l'Église grecque, accusée par la justice de corruption dans la gestion de son immense patrimoine foncier. Christodoulos renvoie quelques évêques pour l'exemple, mais ne sera pas capable de sanctionner tous les religieux corrompus. Cette crise va rebondir à la fin de 2006 et au début de 2007, lorsque Mgr Germanos, métropolite d'Ilias, demande la démission de Christodoulos. Ce dernier, fin tacticien, organise le 18 février 2007 une procédure de vote de confiance réunissant[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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