FRY CHRISTOPHER (1907-2005)
On a assisté dans les années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale à une renaissance du théâtre britannique. John Osborne, Arnold Wesker, Harold Pinter et bien d'autres ont largement contribué à ce renouveau. Parmi eux, Christopher Fry tient une place à part, aussi bien par les genres qu'il a abordés (souvent des sujets religieux) que par la forme : il est le premier dramaturge anglais depuis des années qui ait écrit en vers.
Christopher Fry est né à Bristol dans une austère famille de Quakers. Son père, un pasteur, le destine à l'enseignement. Mais Christopher Fry, de son vrai nom Christopher Harris, abandonne bientôt cette carrière et, ayant choisi pour pseudonyme le nom de jeune fille de sa mère, il acquiert une large expérience dans les divers métiers de la scène ; travaillant aussi bien dans les cabarets que dans les théâtres de répertoire, il est successivement acteur puis metteur en scène. Mais ce qui l'attire surtout, c'est d'écrire lui-même des pièces de théâtre.
Ses premières pièces, il les compose pour des festivals locaux et les monte lui-même. Inspirées surtout par des sujets religieux, ces œuvres n'ont pas grand mérite, et seule Le Garçon au chariot (The Boy with a Cart, 1939) est publiée. Lorsque la Seconde Guerre mondiale survient, il est directeur du Playhouse, à Oxford. Il est mobilisé dans le Pioneer Corps et passe la guerre à déblayer les ruines des bombardements allemands.
Sa grande période fut celle de l'immédiat après-guerre. Il se remit à écrire et publia et fit jouer successivement : Un phénix trop fréquent (A Phœnix too Frequent, 1946), une comédie légère sur le thème de la matrone d'Éphèse ; Cette dame n'est pas à brûler (The Lady's not for Burning, 1949), qui connut un triomphe ; Vénus au zénith (Venus Observed, 1950) ; Le Sommeil des prisonniers (A Sleep of Prisoners, 1951), sa pièce la plus ambitieuse ; puis La Lumière dans les ténèbres (The Dark is Light Enough, 1954), qui marqua le début du déclin de Christopher Fry. À partir de la fin des années 1950, il se tourne vers le cinéma et travaille notamment aux scénarios de Ben Hur (W. Wyler, 1959), Barrabas (R. Fleischer, 1961) et à la version de la Bible que donne John Huston (1966).
Toutes ces pièces connurent un succès énorme, et l'on annonçait déjà l'aurore d'une nouvelle ère de théâtre poétique. The Lady's not for Burning, qui conte sur le mode comique les aventures d'une sorcière sauvée du bûcher par un assassin, fut le plus grand succès de Fry. Ses vers vifs et enlevés, d'une charmante exubérance, révélaient un talent brillant, une maîtrise technique de la langue incomparable, une inspiration poétique certaine. Avec A Sleep of Prisoners, Fry s'attaquait avec plus de sérieux aux problèmes de la guerre. Sa pièce fut extrêmement bien accueillie à Londres, mais rencontra un échec à Paris, dans une adaptation de Morvan Lebesque et une mise en scène de Jean-Louis Barrault. Il publia ensuite, et fit jouer, The Dark is Light Enough, également une comédie. Mais le charme était rompu. On s'aperçut que le brillant était superficiel, que le charme ne suffisait plus. De longues années de silence suivirent ce demi-échec. En 1961, Christopher Fry revint à la scène avec Curtmantle, pièce qui renouvelait le thème, traditionnel en Angleterre, de l'antagonisme qui opposa Henry II et Thomas Becket, en présentant Becket sous un jour antipathique. En 1970, Un mètre de soleil (A Yard of Sun) vient compléter la « tétralogie saisonnière » que forment Cette dame n'est pas à brûler, Vénus au zénith et La Lumière dans les ténèbres.
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Écrit par
- Marc BLOCH : auteur
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