HOGWOOD CHRISTOPHER (1941-2014)

À la fois multi-instrumentiste – au clavecin, au virginal, au piano forte et à l’orgue positif –, chef d’orchestre et musicologue, Christopher Hogwood occupe une place de choix parmi les pionniers à qui nous devons le renouveau des musiques anciennes et baroques.

Christopher Hogwood naît à Nottingham (Royaume-Uni) le 10 novembre 1941. Il achève en 1964 son cursus universitaire au College Pembrocke de Cambridge. Parallèlement, il se consacre dès 1961 à l’étude du clavecin avec Mary Potts, puis, à Paris, avec Rafael Puyana. Il ira se perfectionner à Prague avec Zuzana Ruzickova (1964-1965) et à Amsterdam avec Gustav Leonhardt (1968-1969). Il bénéficie des conseils de Thurston Dart, claveciniste, chef d’orchestre et musicologue anglais de grande réputation. En compagnie du flûtiste David Munrow, il fonde en 1965 The Early Music Consort of London. Il figurera dans les disques et concerts de ce célèbre ensemble jusqu’en 1976. Pendant plusieurs années il tiendra la basse continue dans l’orchestre – sur instruments modernes – de l’Academy of St Martin-in-the-Fields et sera le conseiller musical de son animateur, sir Neville Marriner.

En 1973, Christopher Hogwood fonde l’Academy of Ancient Music. Grâce à cet ensemble sur instruments anciens, il va faire revivre, dans un style authentique, un vaste répertoire méconnu qui s’étend des virginalistes anglais aux classiques viennois. Ses premiers enregistrements – le Stabat Mater de Vivaldi, (1976), les Leçons de ténèbres de Couperin (1978) et Le Messie de Haendel (1979) – rencontrent un considérable succès public. Grâce à la totale liberté que lui donne le label L’Oiseau-Lyre, une filiale de Decca, il bâtit – sur divers claviers ou à la tête de sa formation – une imposante discographie où les gloires des époques baroque et classique voisinent avec de grands oubliés comme Thomas Arne ou John Bull. Parmi ses partenaires réguliers, il convient de citer James Bowman et Charles Brett (contre-ténors), Emma Kirby et Judith Nelson (sopranos), Martyn Hill (ténor), Anthony Pleeth et Christophe Coin (violoncelles), Monica Huggett (violon), Simon Preston (flûte) et, pour des duos de clavecins, Christophe Rousset. Il aborde les grandes partitions classiques – une intégrale des symphonies de Mozart, Haydn et même Beethoven – sur des tempos plus vifs que de coutume, avec le souci de les purger des traditions fautives qui s’étaient imposées au fil du temps. Sur les grandes scènes lyriques du monde entier – Paris, Londres, Berlin, Milan, Sydney –, il sera l’ardent défenseur des opéras de Purcell, Haendel, Haydn et Mozart.

Christopher Hogwood ne s’interdit pas, néanmoins, de fréquenter des ensembles plus conventionnels. Il dirige ainsi successivement le Saint Paul Chamber Orchestra of Minnesota (1987-1992), l’Australian Chamber Orchestra (1989-1993), l’Orchestre de Chambre de Bâle (2000-2006), l’Orquesta Ciudad de Granada (2001-2004), l’Orchestra Sinfonica Giuseppe Verdi di Milano (2003-2006) et, à partir de 2011, l’Orchestre philharmonique de Poznan. C’est l’occasion d’élargir son répertoire jusqu’à l’orée du xx^e siècle avec des œuvres signées Barber, Britten, Copland, Gade, Honegger, Martinů, Stravinsky ou Tippett.

Il conçoit et présente sur l’antenne de la BBC Radio 3, de 1972 à 1982, un programme musical intitulé « The Young Idea ». Il enseigne également au King’s College London (1992-1996) et à la Royal Academy of Music (1992-2008). Mais son apport essentiel reste d’ordre musicologique. Toutes les œuvres qu’il a interprétées ont fait l’objet d’un retour critique aux sources originales. Avec la même passion il s’est investi dans la publication de pages composées par Dowland, Kozeluch, Benda ou Cherubini. Il a présidé, en 2014, la commission chargée de superviser la réédition de l’œuvre complète de Carl Philipp Emanuel Bach[...]