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NOLAN CHRISTOPHER (1970- )

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Dans un contexte de transformation profonde du cinéma, le  réalisateur anglo-américain Christopher Nolan occupe une place singulière, celle du grand auteur hollywoodien, capable de réunir les suffrages des critiques et l’admiration du public. Il apparaît ainsi comme l’un des derniers représentants d’un cinéma spectaculaire, intelligent et populaire.

À la conquête d’Hollywood

Né le 30 juillet 1970 à Westminster (Londres), détenteur d’une double nationalité, Christopher Nolan est fortement influencé par le réalisateur britannique Ridley Scott, ainsi que par son compatriote Stanley Kubrick et par l’Américain George Lucas, les créateurs de 2001, l’Odyssée de l’espaceou de La Guerre des étoiles. Le premier long-métrage de Nolan, Following (1998), un thriller urbain sous influence hitchcockienne, est réalisé avec peu de moyens et se trouve sélectionné dans plusieurs festivals prestigieux.

Dès le long-métrage suivant, le cinéaste investit de manière décisive le monde du septième art. Coécrit avec son frère Jonathan, Memento (2000) est le récit d’un homme incapable de se souvenir de tout événement antérieur à quinze minutes, mais obsédé par une vengeance dont l’objet lui reste trouble. Succès critique autant que public, ce thriller cérébral permet à l’auteur de poser des éléments de son style et de sa méthode narrative construite sur des récits à tiroirs, faits de blocs dont la superposition construit, bien plus que l’émotion ou l’action, le suspense du film.

Le succès lui ouvre grand les portes d’Hollywood, où Nolan entre sous le parrainage de Steven Soderbergh, son producteur, avec Insomnia (2002). Ce film noir et étouffant lui permet de découvrir la direction d’acteurs vedettes, Al Pacino et Robin Williams y tenant les rôles principaux.

Christopher Nolan va alors jouer le jeu des blockbusters, en acceptant de reprendre la plus fameuse des franchises de super-héros, Batman. Avec sa trilogie consacrée à l’homme chauve-souris (Batman Begins, 2005 ; The Dark Knight, 2008 ; The Dark Knight Rises,2012), le metteur en scène affirme son identité de réalisateur capable d’imposer une vision d’auteur à la superproduction hollywoodienne. Le réalisme et la noirceur qu’il insuffle fondent sa réputation, à laquelle le triomphe commercial de The Dark Knight a largement contribué.

Parallèlement, Nolan réalise deux longs-métrages : Le Prestige (2006), peut-être l’une de ses œuvres les plus personnelles ; puis Inception (2010), avec Leonardo DiCaprio, qui conforte définitivement l’image publique du cinéaste. Mêlant allègrement le manga (Paprika de Satoshi Kon), James Bond et l’univers de Kubrick, le récit reprend les codes du film de braquage, tout en les replaçant dans un contexte d’anticipation où les rêves se matérialisent dans les décors et situations surréels traversés par les protagonistes.

Après Interstellar (2014), une œuvre de science-fiction, comme Kubrick ou Spielberg, Nolan se lance dans le genre fétiche des cinéastes en quête de respectabilité : le film historique. Il en retire un certain succès grâce à la construction narrative déstructurée qui caractérise sa description de la bataille de Dunkerque (Dunkirk, 2017). Oppenheimer (2023) lui vaut une pluie d’oscars, dont ceux du meilleur réalisateur et du meilleur film. Des récompenses qui masquent le plus important, à savoir la capacité du cinéaste à créer l’événement et à ramener les foules pour un biopic historique complexe, a priori à rebours de tous les marqueurs de la réussite commerciale des années 2020.

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Écrit par

  • : docteur en histoire et esthétique du cinéma à Paris-VII Denis-Diderot, rédacteur en chef adjoint de l'Avant-scène cinéma, professeur en mise en scène et histoire du cinéma à l'École supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) Paris et Bruxelles

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